L’institut de gastronomie de Montmorillon en question

Il était sans doute le plus célèbre des chefs cuisiniers français du monde. Le Poitevin Joël Robuchon est décédé ce matin à l’âge de 73 ans, sans avoir mené à terme son projet d’école internationale de cuisine à Montmorillon lancé en 2015.

Romain Mudrak

Le7.info

« Je retrouve mes racines, je finirai ma carrière dans cette école. » Sur le compte Twitter de l’Institut Robuchon, le dernier message du chef poitevin lui-même, daté de novembre 2015, apparaît aujourd’hui bien loin de la réalité. La disparition de Joël Robuchon relance les interrogations sur l’avenir de cette école internationale de cuisine à Montmorillon, annoncée comme « un vecteur unique de communication et de croissance économique pour le territoire ». Ces derniers mois, des incertitudes sur les investisseurs censés abonder le projet à hauteur de 65M€ ont également alimenté les rumeurs.

Affecté par le décès d’un homme avec qui il entretenait des « liens forts », le vice-président du Conseil départemental et Montmorillonnais Guillaume de Russé a admis que cela « n’arrangeait pas les choses ». En effet, « ce projet est très lié à la personnalité de Joël Robuchon, il s’est très fortement engagé dans cette aventure ».

Le maire de Montmorillon lui-même n’est pas plus optimiste. « Nous avons de grosses inquiétudes car il portait l’image et la notoriété des lieux. Il a élaboré le concept définitif, mais il était important que Joël Robuchon soit là lors des phases de construction et d’ouverture », souligne Ernest Colin. Avant d’ajouter : « Aujourd’hui, j’ai d’abord une pensée pour sa famille et je regrette qu’il n’ait pas pu mener lui-même à bien ce grand projet de transmission de son savoir par l’intermédiaire de cet institut. »

« Ses amis feront vivre sa mémoire »

A vrai dire, celui qui aurait la clé de toute cette histoire n’a pas encore parlé. "Je ne parlerai pas du projet de Montmorillon avant que Joël Robuchon ait rejoint sa dernière demeure. Par respect du deuil", indique Jean-Pierre Raffarin à la rédaction. Présent à chaque instant depuis le début, il a réagi en revanche « avec une immense tristesse » à l'annonce de la disparition ce matin sur Twitter : « Cet homme, mon ami, était l’incarnation de la fidélité. Il était fidèle aux siens, à son métier, à ses apprentis, à la France… Compagnon, son nom était déjà « le poitevin fidèle » » Et à l’ex-sénateur de la Vienne de conclure : « Ses amis feront vivre sa mémoire. » Prémonitoire ? Difficile d’anticiper l’avenir de l’Institut international Joël Robuchon à Montmorillon pour le moment. En revanche, on sait qu’il pouvait toujours utiliser son patronyme, devenu marque de prestige, pour créer des activités de formation, contrairement à d’autres secteurs.

Lancé en novembre 2015 depuis un grand hôtel parisien, le projet d’Institut international Joël Robuchon devait accueillir ses premiers étudiants au mieux en… 2018. L’idée ? Former un millier de jeunes désireux d’apprendre la cuisine au côté du chef le plus étoilé du monde. Après des fouilles archéologiques imprévues, le permis de construire a finalement été délivré en mai 2017. Pour autant, très peu de travaux ont commencé. L’établissement doit prendre place à l’intérieur de l’ancienne Maison-Dieu de Montmorillon, il comprend salles de classe, amphithéâtre, hôtel et restaurant d’application, laboratoires, potager, salles de séminaire… L’octogone des vins a finalement été abandonné, tout comme le concept d’un restaurant gastronomique dans la chapelle Saint-Laurent.

Photo d'archives prise lors de la présentation officielle du projet en novembre 2015. Joël Robuchon est au côté de Jean-Pierre Raffarin et de Wu Zhong, investisseur chinois.

À lire aussi ...