Androcur : première victoire judiciaire

Atteinte de trois méningiomes, vraisemblablement en raison de la prise prolongée d’Androcur, Véronique Dujardin a demandé et obtenu une expertise judiciaire. Elle pointe la responsabilité du laboratoire Bayer Healthcare et des autorités de santé. 

Arnault Varanne

Le7.info

Pour la première fois en France, un Tribunal ordonne une expertise judiciaire pour déterminer le lien de causalité entre la prise prolongée d’Androcur et l’apparition de méningiomes chez une patiente. Le 31 juillet dernier, le juge des référés du tribunal de grande instance de Poitiers a ainsi donné raison à Me Romain Sintès, qui avait plaidé dans ce sens quinze jours plus tôt, au nom de sa cliente.
 
Dès le printemps, Le 7 avait raconté l’histoire de Véronique Dujardin, victime de trois graves troubles de santé en raison de méningiomes au cerveau. Lesquels ont prospéré grâce à l’acétate de cyprotérone, la molécule principale de... l’Androcur. La Poitevine a été sous traitement pendant plus de vingt ans, jusqu’à 2013 et une première opération de l’un de ses méningiomes. Elle a décidé d’assigner en justice le laboratoire Bayer Healthcare, son médecin prescripteur, son pharmacien et les autorités de santé pour faire la lumière sur la chaîne de responsabilités. 

D’autres dossiers en cours

Pourquoi personne ne lui a rien dit, alors même que dès 2008 le neurochirurgien Sébastien Froelich avait mis en évidence le lien entre Androcur et tumeurs cérébrales et qu’au-delà de cinq ans à la dose maximale le risque est multiplié par vingt ? « Elle était en droit d’avoir cette information dès 2008, sachant que la notice du médicament a été modifiée en 2011 », estime Me Sintès. Lequel a été entendu puisqu’un collège d’experts constitué d’un neurochirurgien, d’un pharmacologue et d’un endocrinologue sera bien chargé d’éclairer toutes les zones d’ombre du dossier de sa cliente.

A signaler que le tribunal de Bobigny a également été saisie par trois autres plaignantes -il se prononcera en septembre- et qu’une action collective réunissant une quarantaine de femmes est en cours. La Caisse nationale d’assurance maladie estime à cinq cents le nombre de femmes atteintes d’un ou plusieurs méningiomes à cause de l’Androcur. Dans tous les cas, la bataille judiciaire pourrait durer plusieurs années. 

 

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