Richard Jewell, coupable idéal

Soupçonné par le FBI d’avoir commis l’attentat des Jeux olympiques d’Atlanta, un agent de sécurité devient soudainement l’ennemi public n°1. Clint Eastwood vise assez juste en portant à l’écran ce fait divers, dont les leçons sont encore à tirer.

Steve Henot

Le7.info

Juillet 1996, Atlanta et toute l’Amérique vivent au rythme des Jeux olympiques, dans une incroyable ferveur populaire. Mais cette grande fête est secouée par un terrible attentat à la bombe, qui fait un mort et une centaine de blessés. Un bilan qui aurait pu être plus lourd sans l’intervention de Richard Jewell, alors acclamé en héros par les médias. Mais son profil interpelle le FBI, qui voit en lui un agent de sécurité zélé et frustré, le coupable idéal. Une journaliste relaye ces soupçons, jetant ainsi l’opprobre sur Jewell, qui doit aussi subir les pressions des agents fédéraux.

Avec Le cas Richard Jewell, Clint Eastwood poursuit ce pan de sa filmographie consacré aux héros ordinaires de l’Amérique (American sniper, Sully). S’il s’était quelque peu perdu dans son récit de l’attentat déjoué du Thalys 9364 (dans l’insipide Le 15h17 pour Paris), le réalisateur de bientôt 90 ans trouve là un matériau intéressant, aux enjeux encore très contemporains et d’autant plus à l’ère des réseaux sociaux. A travers le personnage de Richard Jewell -et l’interprétation bluffante de Paul Walter Hauser- il dénonce le rouleau compresseur médiatique déjà à l’œuvre en 1996, qui oriente rapidement l’opinion et l’enquête fédérale, sans la moindre considération pour les petites gens. Dans un écrin au classicisme éprouvé mais toujours aussi efficace, la démonstration est saisissante, d’une fluidité exemplaire, entre tension et émotion. Mais on peut regretter la représentation ambiguë -et pas forcément avérée- de la journaliste à l’origine du scandale. Dommage, le film n’a pas besoin de cela pour susciter pleinement l’empathie.

Drame de Clint Eastwood, avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates (2h09).

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