Tourisme : une saison contrastée

Epidémie de Covid-19 oblige, les acteurs du tourisme vivent un été particulier mais correct en termes de fréquentation. Les hôteliers ont davantage de mal à tirer leur épingle du jeu que les propriétaires de gîtes ou de chambres d’hôtes.

Arnault Varanne

Le7.info

Avec 11 000 visiteurs, le Futuroscope a réalisé le 18 août sa meilleure journée de l’été. « Depuis début juillet, nous oscillons entre 8 000 et 10 000 visiteurs. C’est très correct », observe Jérôme Neveux, responsable presse et relations extérieures. De toutes les manières, la locomotive touristique de la Vienne aurait du mal à en accueillir davantage. Avec un protocole sanitaire draconien, qui lui vaut d’être le seul parc français détenteur du label Afnor, le Futuroscope s’est fait une raison : limiter les pertes et soigner sa clientèle. « Nous espérons un million de visiteurs à la fin de la saison contre 1,9 en 2019 », tranche Jérôme Neveux. 

A Center Parcs, le mois d’août est équivalent à 2019, avec un taux d’occupation de 85%, après un mois de juillet à 70%. « Nous sommes montés en puissance, reconnaît Thierry Decorps, le directeur du domaine du Bois aux Daims. Les gens réservent plus tard, on sent qu’ils suivent l’actualité tout en étant à la recherche d’espace pour se ressourcer en famille. » Avec une clientèle à 95% française, le resort ne pâtit pas de la chute du nombre de touristes étrangers. Après un printemps sans activité, Center Parcs se réjouit donc du rebond, annonciateur d’une belle arrière-saison. « Mais il faut être clair, coupe Thierry Decorps, nous ne rattraperons pas ce qui a été perdu... »

Une recherche de sites sécurisés

Au niveau des hébergements, « les chiffres sont très différents d’une zone à l’autre », observe Emmanuel Lortholary, président du Club des hébergeurs de la Vienne. Jusqu’ici, les hôtels du centre de Poitiers ont vu leur fréquentation chuter de manière notable, entre -50 et -70% par rapport à l’été 2019. Autour du Futuroscope, « ce n’est pas fameux », convient Hugues Baalouch. Ses deux établissements, le Kyriad et l’Hôtel du Parc, ont subi une baisse de 35% de leur activité, rien qu’en juillet. Le mois d’août s’annonce un peu meilleur.

Les hébergeurs de la périphérie semblent mieux s’en sortir. « On est sur un rythme de croissance exponentiel, comme au manoir de Beauvoir qui est sur du +20% », confie Emmanuel Lortholary, gérant du Clos de la Ribaudière, à Chasseneuil. En zone rurale, les gîtes et chambres d’hôtes bénéficient aussi d’un certain regain. Si juillet a été un peu plus faible qu’en 2019 (environ -5%), le mois d’août est sur de bons rails avec une hausse des réservations de 10 à 15% par rapport à l’année dernière, selon Joël Compain, vice-président des Gîtes de France de la Vienne. 

Comment interpréter ces disparités, sur le territoire ? « L’intérêt des gîtes, c’est qu’il n’y a pas de problème de promiscuité avec les autres clients », tente d’expliquer Joël Compain. Emmanuel Lortholary émet la même analyse : « Les gens ont recherché des sites plus « secure », plus isolés pour s’éloigner des zones de grande fréquentation. » 

 

Razzia sur les chèques tourisme 

Censés doper l’activité touristique de la Vienne, les chèques tourisme imaginés par le Département ont semble-t-il atteint leur cible. Les 3 000 chèques à 120€ ont déjà tous trouvé preneurs. Les offres excursions (60 et 50€) se sont aussi arrachées avec plus de 80% de chèques « réservés ». « Nous avons commencé les premiers remboursements avant la mi-août, se réjouit Isabelle Barreau, vice-présidente du Conseil départemental en charge du Tourisme. Les sites, quelle que soit leur taille sont ravis. Les gens ont demandé des factures, ce qui permet de mesurer l’impact du dispositif. Globalement, les acteurs du tourisme s’en tirent mieux qu’espéré, même s’il y a des disparités. » L’élue va même jusqu’à parler de 2020 comme de « l’année des départements ruraux et touristiques ». 

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