Ils sont passés au bio

Le « Mois de la bio »(*) démarre cette semaine en Nouvelle-Aquitaine. L’occasion pour les agriculteurs conventionnels d’étudier l’opportunité de passer au bio à travers des rencontres avec des adeptes convaincus, comme Mathieu Rullier, qui a lancé La Ferme Bio 86 en 2017.

Romain Mudrak

Le7.info

A l’aube d’un nouveau confinement, Mathieu Rullier se souvient de l’expérience du printemps. A La Ferme Bio 86 de Mignaloux-Beauvoir, les ventes de paniers de légumes avaient été multipliées par dix par rapport à son rythme de croisière. « J’avais disposé sept balances et autant de salariés derrière le comptoir pour servir les clients. Il y avait du monde qui attendait jusqu’au parking (situé cent mètres plus loin) ! » Et dire qu’en mars la vente directe devait être suspendue… D’habitude, c’est un mois creux. Mais avec le confinement, les Poitevins ont pris le temps de cuisiner et de rendre visite à des producteurs locaux comme lui. L’histoire se répètera-t-elle ? Mystère ! Toujours est-il que les consommateurs ont bien compris pendant cette période les vertus du bio et des circuits courts.


La demande en produits bio ne cesse de progresser. Ils représentent désormais plus de 6% de la consommation alimentaire en France. Le budget consacré par les ménages a, lui, augmenté de près de 14% en 2019 par rapport à l’année précédente. De l’autre côté, la filière se structure pour répondre à cet engouement. La Vienne compte ainsi près de 500 fermes bio (+10,4% sur un an). Elles représentent plus de 
10% des exploitations du département et 36 500ha, soit 7,7% de la surface agricole utile. 


« Les odeurs
de mon enfance »

Avec ses 30ha répartis sur quatre sites, Mathieu Rullier reste un producteur modeste mais convaincu. En février 2017, il a plaqué sa vie confortable de salarié dans un bureau pour devenir agriculteur. « C’était un rêve de gosse. Je n’ai pas suivi de formation. Je suis du genre à faire pour apprendre. » Beaucoup d’échanges avec d’autres adeptes de l’agriculture biologique et une sacrée dose d’huile de coude lui ont permis de développer son entreprise (3 salariés). Outre les paniers, ses fruits et légumes se retrouvent aussi dans les assiettes des écoliers poitevins. Lui a démarré directement en bio. L’un de ses collègues, Jean-Bernard Niort, éleveur de porcs et céréalier à Dienné, a basculé du conventionnel vers le bio en 2015. Il se souvient que la transition n’a pas été simple. Exit les produits phytosanitaires et les semences traitées. Aujourd’hui, il ne reviendrait en arrière pour rien au monde : « J’ai gagné du temps et c’est meilleur pour ma santé. Mes relations avec le voisinage se sont également améliorées. Mon père ne traitait pas. J’ai retrouvé les odeurs de mon enfance. »


(*)Le programme complet des rencontres figure sur moisdelabio.fr. En raison du confinement, certains rendez-vous seront retransmis en ligne.

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