Réparer plutôt que jeter

Depuis le 1er janvier, l’indice de réparabilité vient conforter une tendance de fond à la réparation des objets du quotidien. Des artisans ont adopté le label Répar’acteurs pour donner plus de visibilité à leur activité.

Romain Mudrak

Le7.info

En 2021, la nouvelle arme pour réduire ses déchets s’appelle « l’indice de réparabilité ». Apparu le 1er janvier dans le cadre de la loi anti-gaspillage, cet indicateur devrait progressivement accompagner la fiche technique de tous les smartphones, ordinateurs portables, lave-linge (à hublot), téléviseurs et tondeuses à gazon électriques. Avant de concerner d’autres objets du quotidien. « Une note sur 10 informe les consommateurs du degré de réparabilité des produits qu’ils achètent », précise l’Agence de la transition écologique (Ademe). Cette note s’appuie sur plusieurs critères, dont le prix et la durée de disponibilité des pièces détachées. Or, c’est bien sur ce point que cette mesure va devoir faire ses preuves. « Certaines marques font clairement du jetable, parfois tout est collé, on ne peut même pas ouvrir sans casser », témoigne Dany Griffault, gérant de Naintré Informatique. Cet artisan expérimenté s’est spécialisé dans la réparation de PC fixes, portables et des imprimantes. Il assure qu’un bon ordinateur, même âgé de cinq ans, peut être « reboosté ». Alors pourquoi jeter ? Lui s’apprête d’ailleurs à se lancer dans l’aventure du reconditionné.

Objectif 60% réparés

Avec cette nouvelle législation, les fabricants s’exposent à une amende de 15 000€ par produit en cas de score mensonger ou manquant. De quoi les inciter à revoir en amont leurs méthodes de conception. Actuellement, quatre produits électriques sur dix en panne sont réparés. L’objectif de cette mesure est d’atteindre le plus vite possible un taux de 60%. Et la tendance va dans le bon sens. « De plus en plus de gens passent à la boutique pour savoir si leur produit est réparable », assure Dany Griffault, installé depuis dix ans. Même constat du côté d’Olivier Léon, expert en électroménager à Béthines : « Je me surprends même à valider des devis élevés qui ne seraient jamais passés il y a cinq ans. A l’époque, les gens préféraient systématiquement racheter du neuf. »

Tous les deux ont adopté récemment le label Répar’acteur pour donner plus de visibilité à leur activité. Ils sont 
17 dans la Vienne et 600 en Nouvelle-Aquitaine. Née dans la région, cette certification connaît un déploiement national depuis 2018. « Les professionnels s’engagent notamment à alimenter une plateforme(*) sur la réparabilité des objets afin d’identifier les marques les plus fiables », note Laurence Plicaud, chargée de mission au sein de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne, qui promeut le label. Faute d’événementiel en 2020, Covid oblige, il reste encore méconnu du grand public. Toutefois, le site annuaire-reparation.fr a vu le jour afin de trouver un « répar’acteur » près de chez soi.

Il ne tient qu’aux consommateurs d’agir. Reste un point noir : le petit électroménager. Grille-pain, machine à café et autres services à raclette ont totalement disparu du SAV. « Même quand il est sous garantie, les commerçants l’échangent mais ne tentent pas de le réparer », reprend Olivier Léon. Pourtant ce matériel représente le gros des marchandises à recycler. Des Cafés réparation sont apparus depuis deux ans à Poitiers, à l’initiative des Petits débrouillards.

(*)produitsdurables.fr

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