Niort et La Rochelle éclairent le débat

Poitiers expérimente jusqu’en juin l’extinction nocturne de l’éclairage public dans plusieurs quartiers. D’autres villes de l’ex-Poitou-Charentes s’y sont mises depuis 2019. Instructif.

Arnault Varanne

Le7.info

A Poitiers
Depuis la semaine dernière, 2 800 des 18 000 points lumineux de la ville se coupent entre 22h et 5h. C’est le cas au Pâtis, à la Cité des sept villes à Bellejouanne, aux Couronneries, à Beaulieu, sur la voie Malraux, le boulevard périphérique de la porte de Paris jusqu’au triple giratoire de Poitiers-Nord, ou encore sur tous les monuments publics gérés par la Municipalité. L’opération vise non seulement à réduire les consommations énergétiques -et donc à faire baisser la facture d’électricité, -63% espérés dans un premier temps- mais aussi à limiter les sources de pollution lumineuse. L’expérimentation a été diversement accueillie. Certains (Anthony Brottier, Notre priorité c’est vous) évoquent « un sentiment d’insécurité accentué ». « Notamment pour les femmes qui se déplacent à pied ou à vélo », embraie Manon Labaye, du NPA. La police nationale et la police municipale sont en veille pour faire remonter d’éventuelles incivilités ou agressions supplémentaires. La maire de Poitiers Léonore Moncond’huy promet « une large concertation en juin » sur tous les aspects : écologique, économique, social, sécuritaire... Reste à savoir si lancer cette mesure en plein couvre-feu était le plus pertinent.

A Niort
La capitale des Deux-Sèvres a coupé la lumière entre 0h30 et 5h, peu avant le 14 juillet 2020. « Nous n’avons pas éteint toute la ville, seulement les quartiers résidentiels et pavillonnaires », précise Dominique Six, 1er adjoint au maire de Niort. Ce qui représente 5 500 points lumineux sur 11 200. Le centre et les « trois quartiers politique de la Ville » (le Clou-Bouchet, la Tour Chabot-Gavacherie et le Pontreau-Colline Saint-André, ndlr) sont délibérément « épargnés ». « Les forces de police ne le voulaient pas pour des questions de sécurité », ajoute l’élu. L’opération a permis de réaliser 50% d’économies d’énergies, qui s’ajoutent à celles attendues grâce à la rénovation progressive de l’ensemble du réseau. La facture est passée de 800 000€ par an à « environ 450 000 ». Une deuxième phase d’extinction démarrera en juillet, avec 1 400 points supplémentaires. « Globalement, la mesure est bien acceptée. Sur les 400 contributions reçues en mairie, les deux tiers sont favorables et 15% plutôt réservées », reconnaît l’élu. Niort ne s’interdit pas d’utiliser la gradation là où c’est nécessaire.

A La Rochelle
En dehors de l’hypercentre, une grande partie des 13 500 points lumineux de la ville est soumise à l’extinction nocturne depuis 2018. « Depuis le 1er février, couvre-feu oblige, nous avons avancé l’horaire (22h au lieu de 1h, ndlr), c’est du bon sens, témoigne Christophe Bertaud, adjoint en charge de la Vie nocturne. Chez nous aussi, le débat sur la sécurité a eu lieu. La police nous a par exemple demandé de laisser certaines places allumées, elles vont être équipées de vidéosurveillance. » Avec trois ans de recul, La Rochelle mesure (un peu) les effets sur la biodiversité, au-delà des économies financières (27%). « Les associations environnementales nous ont fait part du retour de chauves-souris ou de papillons... » Seul point noir, c’est le cas de le dire : la traversée des parcs. La prochaine étape interviendra à l’été. Les élus de La Rochelle et de l’agglo se sont mis d’accord pour que « cinq-six zones d’activités et industrielles en périphérie » ne soient plus éclairées entre 1h et 5h. « Il y avait une incohérence qu’il faut corriger », conclut Christophe Bertaud. Cette mesure devrait permettre de décourager les rodéos nocturnes...

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