Avec Ielo, la paille est d’or

Valoriser la paille de blé pour en faire un isolant thermique performant, tel est le dernier projet mis en place autour de la coopérative agricole de La Tricherie, sous la forme d’une Société coopérative d’intérêt collectif baptisée Ielo.

Claire Brugier

Le7.info

Sous le vaste hangar de la zone de la Petite Forêt, à Bonneuil-Matours, les bottes de paille s’entassent tranquillement. La ligne de transformation est attendue pour août, le démarrage de l’activité pour novembre. Dans quelques mois, la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Ielo pourra commercialiser son isolant écologique à base de paille.

Le principe de Ielo est simple : valoriser la ressource agricole locale sans modifier les pratiques déjà vertueuses de la Tricherie (certifications Label Rouge, Culture raisonnée contrôlée, Haute valeur environnementale). Dans les faits, les agriculteurs ne vont rien changer à leur production mais ils bénéficieront d’une contractualisation du prix de la paille, un atout « dans un marché traditionnellement très volatile », note Benjamin Bichon, co-président de La Tricherie. A l’intérieur de Ielo, ils resteront maîtres de l’outil de production, qu’ils auront financé à hauteur de 3M€ (bâtiment et chaîne, via la société Brin d’or). La Scic, qui a investi 1M€ dans la recherche et développement, se chargera des aspects marketing.

Ecologique de A à Z

Concrètement, la paille de blé récupérée lors des moissons sera acheminée en bottes, nettoyée (pièces métalliques, pierres…), hachée selon une granulométrie spécifique et dépoussiérée dans des cyclones. Comble du circuit court, ces poussières pourraient, à terme, être valorisées par l’entreprise voisine PoEthic.

Quant à la paille, elle sera conditionnée dans des emballages en plastique… dans un premier temps. « Nous réfléchissons à la proposer en vrac comprimé, pour pouvoir la livrer directement en atelier ou sur un chantier », ajoute Nicolas Rabuel. 100% compostable, elle pourra remplacer la laine de verre ou la ouate de cellulose. « L’isolant à base de paille se distingue par ses performances thermiques, complète Nicolas Rabuel. Son atout, c’est sa densité. En été, quand la chaleur du soleil met deux heures à traverser 30cm de laine de verre, il en faut une quinzaine pour traverser la même épaisseur de paille. » Pour le prix, comptez 40€/m2 de 30cm d’épaisseur, fourni et posé en caisson.

Avec ce matériau innovant, la Scic vise ouvertement le marché de la rénovation à grande échelle et haut de gamme : Jeux olympiques, Régions (lycées, etc.)… Le site de Bonneuil-Matours devrait employer dès la fin de l’année quatre à cinq personnes et la production passer de 1 500 tonnes de paille transformées à 15 000 tonnes sous trois ans, ce qui correspond à l’isolation d’un millier de maisons ou d’une centaine de lycées. Parallèlement, Ielo envisage d’intégrer des programmes européens pour essaimer son concept dans des zones céréalières où le marché du bâtiment est dynamique.

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