« Le peuple afghan ne mérite pas cela »

Franco-Afghan, Mir Waezi a vécu les dix dernières années à Kaboul, d’où il a réussi à partir à la mi-septembre, après plusieurs tentatives infructueuses. Le Poitevin vit désormais chez sa fille à Vouillé, avec une certitude : « Les Talibans n’ont pas les moyens intellectuels de gouverner. »

Le7.info

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On l’aperçoit dans un reportage de TF1, tourné sur le tarmac de l’aéroport de Doha, au Qatar. Tiré à quatre épingles, Mir Waezi dit son « soulagement » d’avoir quitté son pays, après plusieurs tentatives infructueuses, et de « revoir ses enfants et petits-enfants ». Avant d’embarquer sur le vol affrété par le ministère des Affaires étrangères, le Franco-Afghan de 67 ans s’était cassé les dents à plusieurs reprises devant l’aéroport de Kaboul, transformé en zone de guerre. « Une fois, j’ai demandé un renseignement à un militaire et un Taliban m’a frappé avec une gaine en fer. Je suis parti. » Un trajet de seize heures en bus et une dizaine de nuits à dormir dans une voiture plus tard, et le voilà enfin en sécurité. Hélas, son état de santé -il est diabétique- a nécessité une hospitalisation d’une dizaine de jours au CHU de Poitiers.

Sorti en fin de semaine dernière, il nous a rappelés, comme promis dans les nombreux échanges que nous avons eus avec lui via What’App, lorsqu’il était encore en Afghanistan. « J’ai des choses à vous dire », nous avait-il indiqué. De fait, l’ingénieur informatique, revenu au pays pour être au chevet de sa mère, est prolixe. Affaibli mais combatif. Car lui aussi a été victime de la corruption, pour une sombre histoire de propriété de terrains qui l’a opposé « à un ministre et une bande de voleurs. J’ai fait de la prison, mon frère aussi, et j’ai dû vivre caché pendant cinq-six ans ».

Etre utile à son pays

L’ancien camarade de classe du Commandant Massoud, arrivé en France en 1972, parle avec amertume du retour des Talibans ainsi que du rôle des Américains. Et de s’interroger : « Comment 160 000 militaires américains, 3 000Md€, et 300 000 Afghans n’ont-ils pas pu empêcher cela ? Je pense qu’il y avait une cinquième colonne et que le président (Ashraf Ghani, ndlr) en faisait partie. » Au lendemain du 
15 août, son quotidien à Kaboul n’a pas beaucoup changé. Mais qu’en sera-t-il une fois que les caméras du monde entier auront détourné le regard ? « Je suis persuadé que les Talibans n’ont pas les moyens intellectuels de gouverner. A leur arrivée, il n’y avait plus d’armée, plus de police, de banque... Le peuple afghan ne mérite pas cela, il aspire à la démocratie. »
 Et à la sécurité serait-on tenté d’ajouter. Le Poitevin est passé à côté de « plein d’attentats kamikazes ».

Une fois « sur pied », le sexagénaire aimerait « être utile » à son pays, ne serait-ce qu’en livrant sa vision de la situation aux autorités françaises. Le rapide échange avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, à Doha, ne lui en a pas donné l’occasion. Mir Waezi a « une idée très précise » de la manière dont l’Afghanistan peut et doit envisager l’avenir, fort de ses ressources en gaz et en pétrole et d’une indépendance retrouvée. Peut-être un jour... En attendant, il veut profiter de ses proches.

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