La main tendue des Compagnons

Naëlle a eu une enfance difficile en banlieue. A 19 ans, elle rejoint les Compagnons du Devoir pour tenter de trouver sa voie. Le dernier film de François Favrat dresse le portrait juste d’une jeune femme des quartiers, en quête d’un avenir meilleur.

Steve Henot

Le7.info

Déscolarisée, Naëlle participe sans passion à un chantier de réinsertion. C’est sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Dans son quartier, ça ne se passe guère mieux et encore moins depuis qu’elle a fait perdre de la drogue à des dealers. Menacée, la jeune femme trouve finalement refuge auprès des Compagnons du Devoir, sur les conseils de sa responsable de chantier. Naëlle va y découvrir l’art du vitrail et surtout, un univers aux codes bien différents du sien. Peut-être, pour elle, l’opportunité d’un avenir meilleur…

C’est une immersion rare qu’offre François Favrat, dans cette Maison des Compagnons de Nantes. La communauté se dévoile dans tout ce qu’elle comporte de traditions -chants et rites- et de valeurs (confiance, générosité, fraternité). Sans oublier de montrer ses savoir-faire, ici à travers le métier de vitrailliste. Le réalisateur ne manque pas, aussi, d’épingler ce milieu très masculin, qui ne s’est ouvert aux femmes qu’en… 2004. Et si les Compagnons forment ses futurs artisans « sans discrimination », Naëlle se retrouve pourtant confrontée à la misogynie, aux préjugés sur les jeunes de banlieue. A travers elle, Compagnons illustre tout le spectre de l’inégalité des chances, sans pour autant tomber dans le misérabilisme et la fatalité. Bien au contraire, le film célèbre la capacité de résilience de la jeune femme et la chaleur des liens, qui lui donnent la force de se dépasser et d’affronter les épreuves. Certes un brin convenu, le récit est suffisamment bien interprété -Najaa Bensaid est d’un naturel désarmant- pour qu’on se laisse emporter. De quoi donner du baume au cœur.

Drame de François Favrat, avec Najaa Bensaid, Agnès Jaoui, Pio Marmaï (1h51).

DR

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