L’envers de la psychothérapie

Interne en 10e année de médecine, Hippolyte Maurel vient de cosigner un ouvrage consacré à la psychothérapie, où il partage son expérience au CH Laborit, à Poitiers. L’idée ? Dédramatiser l’exercice à l’épreuve des troubles psychiatriques.

Steve Henot

Le7.info

Comment ça va aujourd’hui ? 
Au boulot ou dans notre sphère privée, la question rythme notre quotidien, banale, presque insignifiante. Elle est aussi souvent le préambule à une psychothérapie. « La question peut être compliquée à poser ou à entendre, convient Hippolyte Maurel. Pourtant, tout le monde se la pose et, très automatiquement, on y répond par un 
« Ça va ». Mais un « Ça va » qui cache des choses. Certaines peuvent se traduire dans le non-verbal, des intonations, un regard. On creuse alors avec des questions plus ouvertes. »


L’interrogation donne son titre à un premier ouvrage coécrit par l’interne en 10e année de médecine spécialité psychiatrie au CH Laborit et Amandine Issaverdens, sophro-analyste. Chaque chapitre est le récit d’une consultation pour une problématique précise, inspirée de séances vécues par les deux auteurs. Dépendances, traumatismes, troubles anxieux ou du comportement… « Tous les éléments ont été retravaillés pour respecter l’anonymat et le secret médical, assure Hippolyte Maurel. Le but premier était de montrer l’envers du décor et, en second, d’aider des personnes qui n’osent pas franchir le pas de la thérapie à comprendre leur souffrance. » 


« Important de préserver sa santé mentale »

Pour Hippolyte Maurel, ce livre n’est que le prolongement d’une démarche entamée il y a quatre ans, au début de son internat, sur sa page Instagram 
(@psyandcoffee). Régulièrement, il y partage son quotidien à l’hôpital et quelques-uns des troubles rencontrés en psychiatrie. Avec une forte conviction du témoignage. « Il y a beaucoup d’idées reçues sur ce métier, dit-il. Notamment cette image de surhommes sans émotion. Mais non, au contraire, nous devons travailler avec nos émotions. » Lui, d’ailleurs, ne s’interdit pas de partager son expérience face à ses propres angoisses. Avec modération cependant. « Il peut nous arriver de réorienter un patient vers d’autres professionnels. »


Suivi par plus de 14 000 abonnés sur les réseaux, l’interne poitevin remarque aujourd’hui « beaucoup de curiosité » autour de sa discipline. Et une parole qui se libère peu à peu au sujet de la santé mentale. « Plus on en parle, plus les gens s’autorisent à en parler. Avant, il y avait beaucoup de honte par rapport à ça. Dans l’inconscient collectif, c’était vu comme une faiblesse. Aujourd’hui, on réalise qu’il est aussi important de préserver sa santé mentale que sa santé physique. » Et ce d’autant plus au sortir de la pandémie de Covid-19. Selon une enquête Coviprev de Santé publique France, 26% des Français montrent des signes d’un état anxieux (+12 points par rapport au niveau d’avant-Covid) et 10% ont eu des pensées suicidaires en 2021 
(+5 points). Hippolyte Maurel en a fait le constat l’année dernière en pédopsychiatrie. « On a vu une augmentation des troubles anxieux des jeunes pour lesquels le retour à l’école a été compliqué, ainsi qu’une hausse des idées suicidaires. »


Comment ça va aujourd’hui ? 
- Bienvenue en thérapie (éd. Jouvence). 240 pages. 16,90€.


À lire aussi ...