Lucas Sapin, le golf dans la peau

Lucas Sapin. 25 ans. Golfeur professionnel depuis 2020, licencié au Golf club du Haut-Poitou. Au ralenti depuis un an en raison d’une vilaine blessure au dos, en passe de se résorber. N’exclut pas de s’installer aux Etats-Unis, où il a suivi son cursus universitaire. Signe particulier : ne lâche jamais rien.

Arnault Varanne

Le7.info

Sa dernière « vraie » compétition remonte au mois d’août 2021. C’était en République tchèque, à Lazne Kynzvart exactement. Un doux souvenir avec, à la clé, la meilleure performance de sa jeune carrière. « J’ai perdu en play-offs face à un Allemand très costaud », se remémore-t-il. Depuis, plus rien sur le Pro Golf Tour, la troisième division européenne. A la table des confessions, Lucas Sapin confie son impatience de reprendre sa vie de golfeur professionnel. Le Poitevin suit un traitement administré par un neurologue et censé annihiler sa douleur lancinante au dos, due à une lésion sur un nerf. « Depuis 2016, je compose avec, mais à la fin de ma première saison pro j’ai dû me résoudre à faire quelque chose... »


« Je ne savais pas ce que je voulais faire »

Le fils de dentiste et d’ancienne cadre chez L’Oréal est « un peu passé du rêve au cauchemar ». 
Les dernières semaines lui redonnent toutefois confiance. Ce week-end, il a pu disputer le Pro-Am à domicile sans gêne apparente, « heureux » de ce retour en grâce. Au point qu’il envisage la suite, la saison 2023, avec un peu plus d’optimiste. Lucas Sapin le sait, il ne sera « jamais Tiger Woods », son idole. N’empêche, le frère de Jeanne -qui a failli devenir tenniswoman professionnelle- se donne les moyens d’aller le plus haut possible, comme son aîné Maxime Radureau et Jules Gris, qu’il côtoie sur le circuit. Leurs trajectoires sont toutefois différentes. Après ses années lycée à Victor-Hugo, à Poitiers, Lucas s’est envolé vers les Etats-Unis. « Au championnat de France jeunes, un agent m’a approché pour me proposer d’intégrer une fac là-bas. Je ne savais pas ce que je voulais faire, je ne pensais que golf ! »


Direction la Louisiane, là « où j’ai pu obtenir la meilleure bourse ». 
Une première année mitigée, avant un virage à 180 degrés de son cursus. Le minot découvre Hartford, dans le Connecticut, où il troque son école de commerce pour une formation d’ingénieur mécanique. Le rêve américain dans toute sa splendeur. « Au début, je ne parlais pas anglais, je n’étais pas majeur... Mon oreille s’est développée assez vite mais il m’a fallu deux ans pour bien parler et être très à l’aise », avance-t-il. Dans sa bouche, les superlatifs affluent. Il a « kiffé » découvrir la country, Las Vegas, le lacrosse... « Les golfeurs sont traités comme les joueurs de base-ball et de foot américain. Mon sport est plus respecté qu’en France. »


Stressé et perfectionniste

Programmateur informatique pour « mettre des sous de côté »-, 
Lucas Sapin n’exclut pas la possibilité de s’installer en Amérique du nord. Il a demandé une green card, envisage une colocation avec un copain à Dallas. Mais... « Mais il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte, notamment le système de santé. Et puis pour jouer là-bas, il faut mettre beaucoup d’argent sur la table ! » Autant de freins qui ne l’empêchent pas d’y aller 
« deux-trois fois par an » pour voir ses amis. L’argent, le nerf de la guerre ? Lucas Sapin essaie de tordre le cou à l’image de sport de riches, élitiste et donc inaccessible. « Quand je vois ce que les clubs proposent, c’est un peu injuste. Mais les stéréotypes sont là. Parfois, je ne parle même pas de mon métier ! » 


Assez « stressé » de nature, il se 
« soigne » à coup de livres de psychologie et d’autobiographies de champions. « Perfectionniste », 
il ne « lâche jamais rien » et se concentre sur « [s]a progression ». 
« Concerné » par le réchauffement climatique, il s’efforce de minimiser son empreinte carbone. Et ça tombe bien car le circuit Pro Golf Tour en Autriche, Allemagne et Pologne est accessible « en voiture à quatre ou cinq ».
 Avec AirbnB partagé sur place pour « faire des économies ». 
Loin de l’image d’Epinal véhiculée par les professionnels du PGA Tour ou de l’European Tour. Un Graal en forme de chimère ? « Il n’y a qu’une seule chose qui rend un rêve impossible à réaliser : la peur de l’échec. » Une phrase signée Paulo Coelho qui lui va comme un gant.

DR

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