Le boulanger en salle d’attente

Quentin Servant projette de reprendre une boulangerie-pâtisserie à Bel-Air, à Poitiers. Le compromis est signé, mais il retarde l’échéance en raison d’une hausse vertigineuse des frais d’électricité.

Arnault Varanne

Le7.info

S’il y a bien une profession que la hausse du coût de l’énergie bouscule, ce sont les boulangers-pâtissiers. La flambée des cours de l’électricité va jusqu’à bloquer des projets de reprise. A 27 ans, et après trois ans comme responsable de production chez PP Bio, à Poitiers-Sud, Quentin Servant aspire à devenir son propre patron. Il a même signé un compromis de vente avec un artisan de Bel-Air. « Mais pour l’instant, je ne vais pas plus loin, je repousse l’échéance... »,
se désole le titulaire de deux CAP, d’un brevet professionnel et d’un brevet de maîtrise. En cause : la facture énergétique. « Les fournisseurs vendent 1kWh à 5 centimes d’euros au cédant, on me propose un contrat à 
50 centimes. »

Quentin Servant a fait et refait ses calculs. La douloureuse passerait de 20 000 à 60 000 vire 80 000€ par an. « Je tiendrai deux mois, et encore ! » Avant la crise, son projet a pourtant reçu un accord bancaire, la Siagi et Initiative Vienne le suivent... Créateur d’une nouvelle structure, il ne peut ni bénéficier du bouclier tarifaire ni même de l’aide accordée aux entreprises dont la part de l’énergie représente plus de 3% du chiffre d’affaires. Le nouvel amortisseur prévu pour le 1er janvier 2023 ? Quentin Servant a évalué la baisse à 10 ou 11%, insuffisante pour envisager une reprise sans fortes turbulences. 


« Tout ce qui est énergivore doit bénéficier d’un bouclier tarifaire », appuie le jeune artisan, dont le cas a été évoqué par Karine Desroses, présidente lors de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne, lors d’une récente réunion avec les parlementaires de la Vienne. Il a d’ailleurs échangé avec Sacha Houlié, député de la 
1re circonscription. Aujourd’hui, Quentin Servant trouve le temps long depuis la signature du compromis début août. 
« Je me suis fixé jusqu’à début 2023 pour continuer ou arrêter le projet. On prône l’apprentissage comme un tremplin vers la direction d’entreprise... »

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