Ensma/Le projet de l'année - Le P300 a décollé

Fin 2019, un groupe d’étudiants de l’Ensma s’est lancé dans la construction (presque) intégrale de son propre avion biplace. Depuis un an, ils ne sont réellement plus que deux, si passionnés qu’ils ont pris une année de césure pour terminer le projet. Aujourd’hui, leur avion vole.

Romain Mudrak

Le7.info

Quand Le Technopolitain a lancé cette série d’articles intitulée « le projet de l’année » 
en octobre 2019, personne ne se doutait que la construction du P300 Kite mettrait en fait quatre ans à aboutir. Aujourd’hui, après dix épisodes dans nos colonnes, fin du suspense : l’avion fabriqué quasi-intégralement par les étudiants de l’Ensma a décollé… Le premier vol s’est déroulé en petit comité le 16 avril dernier à l’aérodrome de Châtellerault et a duré exactement 16 minutes. Aux commandes, Pierre Aoun, au cœur du projet depuis deux ans. La brume s’est levée vers 8h. « J’ai répété le programme de vol à voix haute, je me suis mis en bout de piste avec l’avion, tout était prêt et, malgré tout, j’ai attendu presque trente secondes sans savoir pourquoi ! » C’est un phénomène connu des pilotes d’essai. D’autres l’avaient prévenu, comme Jean-Loup Chrétien, le spationaute français, avec qui les étudiants ont pu échanger en visio durant la préparation.

Les études reprennent

Pierre est toujours resté à 
« distance de plané » de la piste, au cas où, et à une altitude de 
3 000 pieds. L’occasion de tester le moteur, les volets et tous les instruments de bord. « Durant le vol, j’étais très concentré, c’est après que j’ai ressenti une grande émotion face à ce qu’on avait réussi à faire. » Dans les semaines suivantes, Pierre et son collègue de « galère » Thibaud Buchy ont enchaîné pas moins de vingt-cinq heures de vol, plus de cinquante atterrissages, suivis d’un temps de maintenance conséquent. Pour l’instant, l’autorisation de vol provisoire ne leur permet de parcourir qu’un périmètre de 40km autour de Châtellerault. Ils attendent le certificat définitif de navigabilité. De quoi leur ouvrir la voie vers le Tour d’Europe des écoles d’aéronautique, un circuit dans treize pays afin de rencontrer les étudiants d’une vingtaine d’écoles.


Après une année de césure entièrement consacrée à ce projet, week-ends et vacances compris, Pierre et lui viennent de reprendre le fil de leurs études à l’Ensma. En septembre, ils débuteront leur troisième année. Mais d’ici là, ils sont en stage à Pprime et préparent le volet recherche de ce projet. Car si le P300 a vocation à devenir un avion-école, il est aussi un appareil-laboratoire bardé de capteurs. « Cette aventure nous a aussi permis de nouer des relations humaines très fortes, entre nous ainsi qu’avec les bénévoles passionnés de l’aérodrome qui nous ont donné un coup de main », poursuit Pierre. Tous les deux sont d’ailleurs entrés au conseil d’administration du club et comptent bien inaugurer officiellement le P300 avec trois « vieux coucous » 
reproduits à Châtellerault. Ce sera dans les prochains mois. Le véritable épilogue de la série.

crédit photo - Allan Dugard

À lire aussi ...