Les animaux 
admis en Ehpad

A demeure ou en visite, pour la compagnie ou dans le cadre thérapeutique de la médiation animale, de plus en plus d’Ehpad accueillent des animaux. A poils ou à plumes, ils ne manquent jamais de susciter des réactions chez les résidents.

Claire Brugier

Le7.info

Dans les couloirs de l’Ehpad de Lusignan, Marco Paradiso ne passe pas inaperçu. Et son accent italien n’y est pas pour grand-chose. Il faut l’avouer, sa notoriété, l’enseignant en activité physique adaptée la doit davantage à Ted, un Laïka de Yakoutie particulièrement irrésistible avec lequel il forme un véritable binôme. Ted n’est pas une simple mascotte agréable à caresser. Sa présence, cantonnée à la salle de sport, sert un objectif thérapeutique : « préserver la motricité globale, surtout fine, de la personne ». Si le professionnel a suivi une formation à l’Institut français de zoothérapie, le chien, arrivé le 28 mars 2022, a aussi été éduqué à dessein. « Le projet est né peu après la crise du Covid, raconte Marco Paradiso. On a alors constaté qu’on avait tellement protégé les personnes âgées qu’elles avaient développé une apathie très importante, même celles qui ne présentaient pas de troubles particuliers. »

Pour le choix de la race, l’éducateur s’est appuyé sur les conseils de Margot Fortin, comportementaliste canin. Non seulement Ted ne jappe pas, mais il est suffisamment grand pour être accessible en fauteuil ou sans trop se baisser, et particulièrement doux pour susciter une sensation d’apaisement, donc la production d’ocytocine. Il a par ailleurs des yeux d’un bleu limpide pour capter l’attention. Bref, Ted n’a pas été choisi au hasard. « Que ce soit pour de l’activité physique adaptée, de l’orthophonie ou autre, le chien est un médiateur », rappelle Marco Paradiso.

« Les rapaces sont plus distants »

Ted a le don de réveiller des réflexes endormis, des souvenirs aussi. Or, « en cas de problèmes cognitifs, la mémoire procédurale est la dernière à disparaître », 
rappelle Marco Paradiso. Françoise, 69 ans, est parmi les plus assidues à ses séances d’activité physique. « Avec Ted, c’est plus agréable, confie-t-elle. Je le fais aller chercher sa balle, rouler sur lui-même, stopper… » Une façon ludique et spontanée de travailler les équilibres statiques et dynamiques, la force, la coordination, la mobilité…

Titulaire d’un DU relation d’aide par la médiation animale, Emilie Drevet (Patte en plumes) intervient dans les écoles, les établissements pour personnes handicapées et de plus en 
plus dans les Ehpad. Ses « assistants » ? Des rapaces. « Ils suscitent des réactions différentes de celles observées en présence de mammifères, car plus distants. On crée la surprise, cela motive les résidents à sortir de leur chambre, remarque-t-elle. Caresser les oiseaux, porter un gant et se lever pour les faire voler développe la psychomotricité fine. Et puis il y a tout le non-verbal, les regards qui se fixent, les mains qui arrêtent de trembler… »

D’autres établissements accueillent des animaux. Le temps d’une visite ou à demeure, ils sont une compagnie appréciée qui, à défaut d’objectif thérapeutique, crée du lien, comme Charlie et Lulu, les perruches de l’Ehpad Gérard-Girault à Jaunay-Marigny, ou Isidore et Galipette, les chats de l’Ehpad Pierre-Péricard à Civaux, lequel reçoit aussi plusieurs fois par an la visite de Crème, un poney.

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