La fonction publique à la peine

D’Etat, hospitalière ou territoriale, la fonction publique peine à recruter. Ses atouts d’hier, tels que la sécurité de l’emploi, n’attirent plus. Comme le secteur privé, elle est en quête de nouvelles méthodes.

Claire Brugier

Le7.info

A l’instar du secteur privé, la fonction publique peine à recruter. Avec 41 641 inscrits en 2022 contre 84 131 en 2019, le concours externe de professeur des écoles en est une pleine illustration. Cette crise des vocations a même convaincu le gouvernement de lancer deux vastes campagnes de communication sur le thème « Un professeur, ça change la vie pour toute la vie ! ». A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, la rectrice de région a signé en décembre une convention de partenariat avec Pôle Emploi pour développer 
« trois priorités majeures en matière de recrutement : l’analyse des besoins, le renforcement de l’attractivité des emplois et la fiabilisation des opérations de recrutement ». Plus localement, le 5 octobre, l’académie, l’université et l’Inspé de Poitiers ont organisé une Forum des métiers de l’éducation pour en faire connaître la diversité.

La situation est similaire dans les fonctions publiques hospitalière et territoriale. Le CHU de Poitiers en est à son troisième forum de l’emploi, Poitiers a organisé en mars dernier trois job datings dans trois quartiers de la ville dans une démarche d’aller-vers… « Avant, la fonction publique attirait par la sécurité de l’emploi, la possibilité de faire carrière. Aujourd’hui, les candidats préfèrent être recrutés en CDD, sur de courtes périodes. Il faut se réinventer, remarque Stéphane Allouch. L’adjoint et vice-président en charge du Personnel à Poitiers (CCAS inclus) et Grand Poitiers constate « un accroissement des mobilités internes et externes. En 2021, les besoins de recrutement étaient de 150 agents par an, en 2022 de 220, en 2023 de 300. » Aussi les deux collectivités ont-elles conjointement élaboré un « plan attractivité fidélisation ». Il se décline en quatre axes, au premier rang desquels les rémunérations. A ce titre, des négociations avec les organisations syndicales débuteront en février. Mais dès la fin d’année dernière, Poitiers et Grand Poitiers ont voté le versement d’une prime de pouvoir d’achat exceptionnelle pour leurs agents publics. A Grand Poitiers 1 444 en ont bénéficié pour 792 000€, à Poitiers 1 651 pour 840 000€.

Marque employeur

Le deuxième axe du plan concerne les conditions de travail (locaux, matériels) et les 
« cycles de travail » (télétravail, horaires décalés, etc.), sur lesquels une étude va être lancée, le troisième l’inclusion (égalité professionnelle homme-femme, handicap, diversité sociale) et le quatrième la communication « pour travailler sur la marque employeur ». 
« Comme on a la même problématique que le privé, on adopte les mêmes solutions », souligne Stéphane Allouch. Des initiatives voient le jour aussi côté formation. Face à la pénurie de secrétaires de mairie, les CNFPT(*) de la Vienne et des Deux-Sèvres ont ainsi appelé à la mise en place du Diplôme universitaire (DU) « Métiers administratifs territoriaux en milieu rural », ouvert à la rentrée dernière.

Mais le malaise est profond, en témoigne la baisse générale du nombre de candidats aux concours administratifs. En 1997, ils étaient en moyenne16 à postuler sur à un poste là où aujourd’hui ils ne sont plus que 6. « Le renforcement de l’attractivité de la fonction publique est un véritable enjeu », peut-on lire sur le portail gouvernemental. Dans la fonction publique d’Etat, le nombre de candidats aux concours a chuté de 30% entre 2010 et 2020. Dans la fonction publique territoriale, la baisse était déjà de 33% entre 2014 et 2017. Sur la même période, le concours d’attaché d’administration hospitalière avait perdu 18% de candidats. De ce contexte découle une augmentation des recrutements hors concours. La loi de transformation de la fonction publique du 9 août 2019 a même élargi le recours aux contractuels.

(*)Centre national de la fonction publique territoriale.

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