Les spécialistes de l'ossature bois subissent comme les autres la crise de la construction. Faute de demandes, ils renforcent leurs activités liées à la rénovation.
La crise du secteur de la construction neuve n'a pas épargné la filière bois. Malgré l'intérêt croissant des clients pour ce matériaux, la hausse des taux d'intérêt des emprunts immobiliers a bloqué de nombreux projets ces derniers mois. D'autant plus que le prix de ce genre de construction reste environ 30% plus cher que du parpaing, si l'on intègre une isolation digne de ce nom en fibre de bois ou ouate de cellulose. Les entreprises de ce secteur ont donc vécu un véritable coup d'arrêt. Heureusement pour elles, ces structures ont rarement les deux pieds dans le même panier.
Daniau et associés, à Mignaloux-Beauvoir, est non seulement spécialiste des ossatures bois mais aussi couvreur et charpentier... « On travaille pour des particuliers, la rénovation constitue une grande part de notre activité, souligne Damien Galisson, co-gérant de cette société créée en 1987 et transformée en Scop dès 1995. MaPrimeRénov' et les dispositifs de Grand Poitiers motivent vraiment les clients qui font appel à nous, c'est un vrai moteur. » L'expert privilégie toujours les matériaux biosourcés. Chez Le Bois dans la maison à Nouaillé-Maupertuis, connu comme chez « Jadeau », du nom de son fondateur en 1983, Matthieu Guérin indique avoir toujours autant de demandes en rénovation ainsi qu'en petites extensions. Sur les mêmes bases qu'un an auparavant. « Depuis le Covid, les gens continuent d'aménager leur maison, note le dirigeant depuis 2009. La mise en œuvre des panneaux et de la charpente en bois est tellement rapide. C'est aussi plus léger, ce qui est particulièrement intéressant pour surélever un étage. »
« Tarif plus raisonnable »
Le bois sert à tout ! Et l'approvisionnement s'est nettement amélioré par rapport au début de la guerre en Ukraine, soulignent les entrepreneurs interrogés. De quoi maintenir le rythme. Côté prix, Fibois, le réseau interprofessionnel du bois en Nouvelle-Aquitaine note qu'ils sont revenus à un
« niveau plus raisonnable » aujourd'hui alors que le cours avait doublé en 2022. Malgré tout, les entreprises ne s'emballent pas car elles gardent peu de visibilité sur leurs carnets de commandes. De quoi sera fait l'avenir ? Optimiste, François Chanteloup, chargé de développement chez Fibois, estime que « la nouvelle réglementation énergétique RE2020 augure de bonnes choses pour le bois d'ici 2030 ». Quand le marché de la construction neuve repartira, le bois pourrait bien se tailler la part du lion. Certains acteurs ont déjà pris le pli. Si seulement 5,9% des maisons individuelles construites en 2022 en Nouvelle-Aquitaine étaient en ossature bois (2,7% en
lotissement), on compte 7% des
nouveaux immeubles de logements collectifs, déjà 18% des bâtiments tertiaires publics ou privés, et 26% des bâtiments industriels et artisanaux. Fibois a même lancé un prix régional de la construction bois afin de promouvoir les réalisations exemplaires. Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 15 mars sur constructionbois-na.fr.