Les cours d’empathie souhaités par le gouvernement pour lutter contre le harcèlement sont en phase d’expérimentation. A Buxerolles, les enseignants de l’école maternelle Simone-Veil testent cette méthode depuis septembre.
« Je suis triste quand maman n’est pas là », explique Inès. « Moi, ce matin, j’étais joyeux parce que c’était la rentrée et que je vais bientôt prendre des vacances au sable »,
poursuit Pierre-Louis. Avec leurs mots, les élèves de la classe des « petits-grands » de l’école maternelle Simone-Veil, à Buxerolles, peuvent désormais décrire, reconnaître et exprimer leurs émotions. Ces enfants comme leurs enseignants sont des précurseurs des cours d’empathie souhaités par Gabriel Attal, alors ministre de l'Education nationale, pour lutter contre le harcèlement. L’école buxerolloise expérimente en effet ce nouvel apprentissage depuis septembre dernier contre janvier pour la majorité des établissements volontaires. Au programme : jeux de cartes, mimes, dessins ou encore discussions. Au bout de huit mois, les petits élèves parviennent à décrire leurs émotions mais aussi celles de leurs camarades. Inès dessine un personnage triste avec une bouche « en pont » et une goutte d’eau sous l’œil. Gary décide de faire une bouche bien ronde pour illustrer la surprise. Enfin, pour imiter la joie,
« trop facile », tous font un large sourire. Les premiers résultats sont également visibles sur leur comportement au quotidien. « La communication avec les copains se passe mieux », remarque Virginie Couëdel, enseignante en moyenne et grande sections. En septembre dernier, la directrice de l’établissement, Marie-Lise Cottineau, a jugé nécessaire d’introduire les cours d’empathie afin de répondre à des problèmes récurrents.
« Nous trouvions que les enfants géraient difficilement leur frustration. Certains ont du mal à sortir de leur colère. »
Tous concernés
La formation dispensée aux enseignants souhaitant mettre en place les cours d’empathie est axée sur les compétences psychosociales. Celles-ci désignent les aptitudes psychologiques qu’un individu met en œuvre pour s’insérer et agir dans la société. Le cursus d’une durée de deux heures est un complément du kit pédagogique sur trois volumes fourni par l’Éducation nationale. Insuffisant toutefois pour les enseignants des écoles maternelle et élémentaire Simone-Veil de Buxerolles, qui souhaitent une formation plus longue et proposée dès l’Inspé(1) à tous les enseignants.
« C’est une bonne formation mais elle n’est ouverte qu’aux volontaires et ce ne sont pas forcément ceux qui en ont besoin. On a tout à gagner à former des adultes, on apprend beaucoup sur nous-mêmes lorsqu’on aborde les compétences psychosociales. » En France, plus de 1 000 écoles expérimentent ce nouvel apprentissage depuis janvier. A Poitiers, le personnel de certaines crèches, comme aux Couronneries, a également été formé avec un objectif commun : permettre aux enfants de grandir sereinement et de devenir des adolescents et des adultes épanouis.
(1)Institut national supérieur du professorat et de l'éducation.