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Ce n’est pas un hasard si le Conseil économique, social et environnemental (Cese) s’est récemment emparé de la question en commandant à Martin Bobel et Dominique Joseph un avis au titre évocateur : « Renforcer le financement des associations(*), une urgence démocratique ». Car urgence il y a, à l’échelle nationale comme locale. « Dans la Vienne, un quart des associations sont en grande difficulté », estime Samuel Landreau, référent vie associative du Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES). Les causes sont diverses. « Pour certaines, ce sont les effets de la crise Covid, pour d’autres des revalorisations salariales inscrites dans les conventions collectives, des activités obsolètes, une défection du bénévolat, la baisse du soutien financier des collectivités… » Sur ce dernier point, les chiffres sont significatifs : entre 2005 et 2020, les subventions de fonctionnement ont chuté de 41%. Les aides publiques restent néanmoins la première source de financement (42,3%), suivies par la vente de biens et services (29,4%) et les cotisations (26,4%). Le mécénat, vers lequel sont souvent renvoyées les associations, arrive en 4e position (14%).
En Nouvelle-Aquitaine, seules 8,3% des entreprises sont mécènes (9% en France), qu’il s’agisse de mécénat sonnant et trébuchant, de compétences, de matériel… « Le monde de l’entreprise ne connaît pas le monde associatif », observe Valérie Monrouzeau, du Réseau Entreprendre Poitou-Charentes. Et les associations, de leur côté, doivent apprendre à convaincre des entreprises souvent soucieuses de développer leur Responsabilité sociale et environnementale. « Les associations doivent valoriser ce qu’elles ne dépensent pas, comme le temps passé par les bénévoles, à travers la Contribution volontaire en nature », note Patrice Mancino, de Guid’Asso (Le 7 n°659). « On sait que le salariat associatif représente 12% de l’emploi privé et concerne 10% des associations. Mais le reste, 90%, n’est pas estimé. Il ne s’agit pas uniquement d’une valorisation économique, mais de l’impact social et sociétal du monde associatif sur le territoire, complète Samuel Landreau qui poursuit : « Le mécénat ne va pas remplacer l’Etat dans le soutien aux associations, car elles remplissent des missions de service public. » Il est une solution parmi d’autres, comme les dons via les terminaux de paiement de magasins ou encore le parrainage. « A la différence du mécénat, le parrainage donne accès à un public cible, sur des maillots de foot par exemple, note Patrice Mancino. Et on le trouve surtout en ruralité. » Il existe donc des solutions mais, selon le Cese, la vigilance est de mise. « L’Union européenne encourage une logique de concurrence car elle ne fait pas de différence entre une activité lucrative et non lucrative, explique Théo Berger, du Cese. La Cour de justice a par exemple rendu une décision concernant les associations italiennes qui, si leur produit dépasse 65 000€ par an, sont désormais assujetties aux impôts commerciaux. Il y a glissement. »
(*)Les Assises départementales de la vie associative se sont tenues le 20 juin dernier au Creps de Boivre.
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