Hier
Il est désormais acquis que depuis les années 2000, les valeurs du néolibéralisme craquent de partout. Pourquoi ? Parce que le néolibéralisme est un récit politique et économique dont la postface s’écrit en crise écologique mondiale et en décadence générale du Politique. Du point de vue des rythmes que ce système essaie de nous imposer, on trouve ceux de l’accommodation au marché mondialisé, au flux incessant de l’information, aux évolutions numériques incontrôlées, à l’instabilité, à la précarité. L’adaptation rapide et sans broncher à la mondialisation, voilà bien le mot d’ordre qui cherche à brider nos corps. Et qui, pour ma part, s’oppose frontalement à la nature dans ses fonctionnements. Par son côté régulier, saisonnier -depuis des millénaires !-, la nature offre un environnement stable et rassurant où l’individu aime se retrouver pour conjurer les affects perturbants du monde néolibéral. Une plante disparaît l’hiver et renaît au printemps, le merle rechante en mars et réenchante l’espace sonore, les cerises mûrissent l’été et promettent de bons clafoutis : persévérance, constance, retour du même, délice des retrouvailles. Se lasse-t-on de cette routine ? Sans doute non car le retour saisonnier de ce qui paraît identique dans la nature se révèle toujours un peu différent -plus ou moins présent, plus ou moins fleuri, plus ou moins fructifié- et c’est précisément ce processus d’un « même-différent » qui procure de la joie. Voici donc nos corps ballottés à travers des temporalités antinomiques : le temps du marché mondial délirant, de l’information continue, et celui du calme et de la majesté des forêts, des lacs, des vallons, des prairies. Sachons voir, dans cette polyphonie, ce que la constance a d’important.
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