Gesson : "Les doyens doivent faire des choix"

A la sortie d'un conseil d'administration tumultueux, qui s'est poursuivi jusque tard dans la soirée ce lundi 11 juillet, le président de l'université, Jean-Pierre Gesson répond aux critiques négatives émises par certains doyens et syndicats.

Romain Mudrak

Le7.info

Pourquoi faut-il, selon vous, réduire le nombre d'heures de formation ?

« Le budget de l'université n'est pas extensible. Les promotions d'enseignants-chercheurs ont doublé, les salaires des maîtres de conférences ont augmenté. Nous avons « cédéisé » plus de 130 contrats précaires et versé 450 000€ de primes afin de rééquilibrer certaines situations à la fin 2010. Nous assumons ces choix. Sans oublier que le prix des fluides va croître et que la taxe d'apprentissage, elle, a diminué de 600 000€ par rapport à 2008. Désormais, l'équipe présidentielle estime qu'il est nécessaire de rationaliser les formations pour financer d'autres priorités. Nous proposons cent mille heures de formation de plus que l'université de Tours où le nombre d'étudiants est sensiblement identique. Ce n'est pas normal. Quand on me dit que l'attractivité de l'université de Poitiers sera atteinte, je réponds que les facultés ont créé quarante diplômes supplémentaires depuis 2008 et que le nombre d'étudiants n'a pas cessé de baisser sur la même période. L'objectif n'est pas de combler un déficit, mais de dégager environ 450 000€ pour investir dans l'aide à l'insertion professionnelle et la mobilité internationale des étudiants. »
Qu'entendez-vous pas « rationaliser l'offre de formations » ?

« Les doyens de chaque faculté vont devoir faire des choix. Nous allons leur affecter un certain nombre d'heures de formation tenant compte d'une baisse globale de dix mille heures. A eux de les répartir comme ils l'entendent. J'estime que trop d'heures d'enseignement sont attribuées dans des masters trop étroits où il n'y a parfois que cinq étudiants. L'abus d'heures complémentaires n'est qu'une conséquence de cette politique. Leur coût est passé de 4 à 7,5M€ en trois ans. Maintenant, si les doyens considèrent qu'il est stratégique de garder un diplôme hyper spécialisé, d'accord, mais ils devront économiser ailleurs. Le doyen de Lettres et Langues, par exemple, a fusionné trois licences en une formation qui, plus générale et plus visible, a attiré davantage d'étudiants que les trois précédentes réunies. »
Vous devriez signer, en septembre, le contrat de dévolution de la gestion du patrimoine à l'université de Poitiers. Quelles conséquences avez-vous anticipé ?

« L'université de Poitiers va devenir propriétaire de ses murs. En échange, l'Etat nous affectera 10,8 millions d'euros pour son entretien et les opérations de grande ampleur. C'est presque le double que ce qu'il versait auparavant à travers le Contrat de projet Etat-Région. Et il faut bien voir aussi que cette somme sera cumulée aux 6M€ du CPER jusqu'à son terme en 2013. C'est pourquoi d'ailleurs seulement trois universités accéderont à la gestion du patrimoine. Ça coûterait trop cher à l'Etat. D'autres universités nous envient. »

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