La chasse au renouveau

La Fédération départementale de la chasse enregistre cette année une hausse des inscriptions à l’approche de l’ouverture, le 14 septembre(*). Une première depuis dix ans, avec un rajeunissement et une féminisation des effectifs.

Pierre Bujeau

Le7.info

Depuis une décennie, le constat est immuable : les effectifs de chasseurs reculent partout en France. Le vieillissement des baby-boomers, génération la plus active sur le terrain, explique en grande partie cette lente érosion. En 2023, selon La France agricole, 58% des chasseurs avaient plus de 55 ans et le nombre de permis délivrés est passé sous la barre symbolique du million, avec 963 000 titulaires. Le département n’échappe pas à ce constat. Lors de l’exercice passé, la fédération déplorait une perte de 0,83%, soit une centaine de chasseurs en moins. Mais les premiers chiffres de cette rentrée déjouent les pronostics. « En 2024, nous avions recensé 11 400 chasseurs. Nous n’avons pas encore terminé les inscriptions, mais elles sont déjà en hausse, une première depuis dix ans », 
se réjouit Maxence Ronchi, directeur de la Fédération des chasseurs de la Vienne. La diminution du prix du permis de chasse, de 400 à 
200€ depuis 2019, explique en partie ce regain d’intérêt. Mais l’aspect financier n’est pas la motivation première d’Emma, 
24 ans. « Si je chasse, c’est 
avant tout pour voir évoluer mes six beagles et mes chevaux. J’ai le permis et les autorisations pour porter une arme, mais je ne la sors jamais. Ce n’est pas ma vision de la chasse », 
explique la monitrice d’équitation. Comme elle, l’activité attire de nouveaux adeptes, à commencer par les femmes. Au niveau national, elles sont 25% de plus qu’il y a dix ans. Dans la Vienne, 10% des candidats au permis en 2023 étaient des candidates. 


Nouveaux chasseurs

Plus surprenant encore, l’arrivée de pratiquants issus de familles non initiées. « Cette nouvelle génération se montre plus sensible aux politiques de gestion du gibier et à la protection de la nature », poursuit le directeur. Dans un contexte où les cafés de village et petits commerces baissent le rideau, la chasse répond aussi à un besoin de lien social, notamment en milieu rural. Emma en atteste : « J’ai deux amis qui ont commencé sans héritage familial. Et, de bouche à oreille, d’autres copains nous rejoignent. On se retrouve aussi pour les amitiés que ça crée. Dans mon secteur, à Journet, il y a pas mal de jeunes de 16 à 30 ans. » Ce rajeunissement et cette diversification des profils posent toutefois une question : 
comment concilier l’approche traditionnelle des générations précédentes avec celle des nouveaux venus ? Un défi que la Fédération de la Vienne devra relever si elle veut que l’embellie se poursuive. 


*L’ouverture générale de la chasse est fixée au dimanche 14 septembre. D’autres dates spécifiques sont prévues selon les catégories de gibier. Toutes les informations sont à retrouver sur chasseenvienne.com.

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