Le Regard de la semaine est signé Philippe Bouteiller.
J’ai presque 70 ans. Déjà ! Occupé à vivre, je n’ai rien vu venir. D’autant que depuis que je suis retiré des affaires, ma devise est : « Le temps passe, passons-le bien ». Plus jeune, je n’étais pas
« bon à rien », mais bon en rien et je ne savais que faire de ma peau. Mais j’avais en moi une bonne dose de curiosité et de la suite dans les idées. Conscients de mon maigre bagage, mes parents m’ont donné le meilleur conseil qui soit : « Si tu veux réussir dans la vie, travaille, travaille, encore et toujours. Le travail, ça ne fait pas mourir ». Ils en savaient quelque chose, eux qui ont vécu tous les deux jusqu’à 94 ans en ayant été à la tâche depuis l’enfance.
Tout m’intéressait, me passionnait. Mon métier de conseil en agriculture, mais aussi ceux des autres, des maçons, des couvreurs, des acteurs de théâtre ou celui des grands cuisiniers. J’ai pris plaisir à tout. Je dois tout aux rencontres, comme beaucoup de gens, sans doute. Qui ne se souvient pas dans ses jeunes années d’un instituteur, d’un professeur débordant d’enthousiasme et bienveillant qui attise l’envie d’apprendre.
Dans la vie active, la curiosité et l’investissement de soi interpellent les érudits, petits ou grands, qui jalonnent les vies. Ces derniers partagent alors sans compter leurs savoirs ou leur art. Ils vous ouvrent des voies dans lesquelles il faut aimer se perdre parfois avant de pouvoir à son tour acquérir les connaissances nécessaires. Beaucoup d’entre eux vous accompagnent le temps qu’il faut, vous forment et vous soutiennent pour découvrir de nouveaux univers. Et qu’est-ce-que la vie si ce n’est d’avoir la surprise de découvrir toujours quelque chose d’inédit, d’original ? La richesse des rencontres est infinie, et chacun d’entre nous peut le mesurer tous les jours. Heureusement, cette aventure humaine ne s’arrête jamais.
Bien des connaissances peuvent être acquises aujourd’hui par de longues études, des voyages lointains aux confins du globe ou sans bouger de son canapé en surfant sur le Web ou en visionnant des « tutos ». Loin de moi de penser qu’ils sont inutiles, bien au contraire. Mais rien ne remplacera l’éternel plaisir d’être sans cesse apprenti en quelque chose sous la houlette d’un maître, d’une « pointure » seule capable, à force de conseils avisés et de patience, de vous amener à réaliser du bel ouvrage, à rechercher une certaine perfection. Alors, vive les belles rencontres, celles qui font éclore les valeurs enfouies en soi !
CV express
Dirigeant d’entreprise durant trente ans, j’ai créé, géré et développé la première société française de conseil en agriculture et en environnement. Retiré depuis 2019 des affaires, j’occupe mon temps libre entre le jardinage, la peinture et l'écriture. J’ai écrit quatre livres dont trois romans (Les Blondel, L’Esquinté, Le froc et la brique), et un recueil de chroniques, « Ah, mon Georges ! ».
J’aime : passer du temps dans mon jardin, écouter les histoires des gens, dévorer des oursons à la guimauve, faire la cuisine, déguster un bon vin, écrire et peindre.
J’aime pas : les conflits stériles, les endives cuites, la foule, l’orage.