
Aujourd'hui
Août 2023, j’avais 16 ans quand ma mère est décédée d’un cancer du pancréas. Seize ans, c’est cet âge bancal entre l’enfance qu’on quitte et l’adulte qu’on devient sans trop savoir comment. Je l’ai perdue à ce moment précis, ce moment où on a encore besoin qu’on nous dise que ça va aller. Je grandis avec ce manque, qui ne fait pas de bruit mais qui prend toute la place.
Perdre sa mère à 16 ans, c’est apprendre trop tôt ce que veut dire le mot « absence ». C’est se retrouver face à un monde qui continue de tourner, alors que le sien s’est arrêté. C’est voir le soleil se lever tous les jours alors que le nôtre s’est éteint à tout jamais. C’est répondre « ça va » quand rien ne va. C’est grandir à marche forcée, avec un vide qu’on ne comble jamais tout à fait. A 16 ans, on ne devrait pas devoir apprendre à vivre sans sa mère. Sans ses bras. Sans son « Je suis là ». Deux ans ont passé. J’apprends à vivre avec l’absence. Elle est là, dans les gestes que j’imite sans le savoir, dans les souvenirs, dans une phrase que je crois l’entendre dire, « la vie est belle », son slogan, comme une promesse.
Depuis deux ans, il y a des jours où je ne pense qu’à elle. Et ceux où j’en veux à la terre entière. Il y a les silences qu’on ne sait pas remplir, les anniversaires sans gâteau, les rentrées sans repères, les larmes qu’on ravale parce qu’on ne veut pas inquiéter. Il y a ces jours où je me sens presque forte. Et puis il y a les autres. Ceux où j’ai juste besoin de ses mots rassurants. Ces jours de déni où l’impression qu’elle va revenir est trop présente. Ces jours où l’on suffoque tellement le vide est abyssal, tellement le manque crève le cœur.
Elle me manque dans les grandes et petites décisions de ma vie. Ou quand je suis heureuse, amoureuse, malheureuse. Mais elle m’a laissé plus que l’absence. Elle m’a laissé une force étrange venue d’elle, même dans la douleur. Elle m’a appris à aimer fort, à dire vrai, à tenir debout même les jours où tout s’écroule. Ce texte est pour elle, pour lui dire : « Regarde maman, je continue. Je vis, parfois survis. Je tombe, je me relève et te porte en moi. »
C’est pour celles et ceux qui vivent aussi avec cette absence. Qui subissent aussi cette « injustice ». Ce texte est pour dire qu’on peut survivre à l’insurmontable, mais on a le droit de dire que c’est dur. Ce texte est pour Ewa, ma petite sœur. Ma petite héroïne, tu as été et tu continues d’être ma raison de me battre. Maman, tout ça c’est pour toi, ma plus belle étoile, promis je n’oublie pas que la vie est belle.
CV express
Après avoir fini mes trois années de lycée, je suis depuis 2024 étudiante à la faculté de droit de Poitiers, avec pour ambition de devenir magistrate pénaliste. A côté de mes études je suis présidente de l’association KAp Vie, qui récolte des fonds pour lutter contre le cancer du pancréas au CHU de Poitiers. Je suis aussi une grande sœur à plein temps, et c’est pour moi la plus belle des missions.
J’aime : le rugby, la Formule 1, le motoball, la politique, les moments avec mes proches, lire, la course à pied.
J’aime pas : la science-fiction, les injustices, l’hypocrisie, les gens pessimistes.
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