Bloquer tout, et après ?

Si les actions prévues mercredi à Poitiers sont encore assez floues, la colère des participants, elle, est sans ambiguïté. Le mouvement des Gilets jaunes semble dans toutes les têtes, alors que deux journées de mobilisation se profilent déjà.

Charlotte Cresson

Le7.info

« Le 10 septembre : bloquons tout ! » L’idée a germé sur les réseaux sociaux au mois de juillet. Parti du groupuscule d’extrême-droite « Les Essentiels » 
pour contester le projet de budget du gouvernement et les 44Md€ d’économies, cet appel à tout bloquer a très vite été repris par les militants de gauche, jusqu’à convaincre 63% des Français selon les sondages. Dans la Vienne, des affiches ont fleuri. Par ailleurs, le groupe Facebook « Gilets Jaunes Poitiers » 
et d’autres militants sont parvenus à mobiliser près de 
250 personnes lors d’une assemblée populaire à l’îlot Tison, le 
1er septembre dernier. Les maîtres-mots ? « Auto-organisation » et « ras-le-bol général ». 


Faire front malgré l’opposition

« Lui c’est Citoyen et moi c’est Lambda. » A Poitiers ce soir-là, chacun était au même niveau pour convenir « d’un lieu, d’une heure » mais également du type d’actions à mettre en place. « Une manifestation ? Des blocages ? Des barricades ? » 
Difficile de se mettre d’accord sans leader. Parce qu’ici comme ailleurs, le mouvement se veut non-encarté, transversal et sans chef. Des principes qui ne sont pas sans rappeler ceux des Gilets jaunes. Le 10 septembre 2025 sera-t-il le nouveau 
17 novembre 2018 ? Difficile pour l’heure de savoir si la colère sera contagieuse.


Mais les similitudes avec les Gilets jaunes sont nombreuses. Au-delà des opinions politiques et milieux sociaux, les points communs existent. « Si on commence à se priver les uns des autres, on ne va pas y arriver », insiste Hélène(*) devant la foule de Tison. L’ennemi désigné ? Les grosses fortunes. « Je pense que l’on est obligé d’agir. Un tiers du budget national va dans les poches des milliardaires alors qu’il existe des problèmes de logement abominables. J’ai surtout peur pour mes enfants. Dans une démocratie, soit on bouge soit c’est trop tard », confie Bernadette(*), femme de ménage. « On est tous concernés. Étudiants et ouvriers n’ont pas les mêmes problèmes mais peuvent faire front commun », 
note de son côté Jordan, étudiant. 


Les syndicats au soutien

Concrètement, que va-t-il se passer mercredi ? « Un blocage à Auchan-Sud à partir de 5h du matin » et éventuellement une manifestation à 14h dans le centre de Poitiers semblent se profiler. Les contours sont encore un peu flous. Verra-t-on beaucoup de drapeaux syndicaux dans la foule ? La CGT, la FSU, Solidaires et Renouveau syndical ont appelé à participer aux mobilisations du 10 septembre... avant une 
« grève massive et unitaire » de l’intersyndicale le 18. « On ne se sent pas spoliés car beaucoup de revendications rejoignent les nôtres. Ce serait dommage de ne pas faire quelque chose », estime Christelle Fontaine, secrétaire académique du Snes-FSU. Pour tous, l’objectif est clair : « Se mobiliser jusqu’à être entendu ».


(*)Prénoms d’emprunt.

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