Le PB trop juste à l’emballage

L’inspiration de JJ Miller a cruellement manqué à un PB courageux, mais trop transparent dans ses choix offensifs. Pendant trois quarts temps, Gravelines a été prenable. Après…

Nicolas Boursier

Le7.info

Prostré sur son banc de torture, JJ Miller a failli en bouffer son costard. Les encouragements incessants du meneur de jeu poitevin, blessé pour de trop longues semaines, auront donc été vains. Poitiers n’est pas passé. Comme il n’était pas passé, la semaine précédente, face à Nancy, après trente-cinq minutes d’une coriace résistance. Deux des plus grosses armadas de Ligue en sept jours, sans doute était-ce trop demander à PB diminué et encore juste à l’emballage.

 

On l’avait dit, ce match contre le deuxième de la classe ressemblait à un vrai coupe-gorge. Les craintes liminaires ne tardèrent d’ailleurs pas à se muer en irritantes confirmations. Il ne fallut en effet que trente secondes à Vaty pour mettre les siens sur les bons rails, et à peine plus à Albicy pour régler la mire à longue distance. Sans avoir l’air d’y toucher, le BCM creusait déjà l’écart (6-13), sur deux tirs primés du petit meneur international. 

 

Sifflé, plus qu’il n’en fallait, par le trio arbitral et totalement indigent à trois points (0 sur 4), le PB 86 ne devait qu’à son courage et son obstination de ne pas sombrer. L’entrée du jeune Harley au relais de Gomez, finalement apte, coïncidait alors avec la première embellie locale, laquelle s’achevait sur de belles promesses au soir du premier quart temps (12-14).

 

La suite donnait raison aux optimistes. Empêtrés dans leur individualisme autant que dans la nasse défensive poitevine, les Nordistes donnaient le bâton pour se faire battre. Ce dont profitait Fournier pour s’en aller, d’un contre parfaitement senti, offrir à ses couleurs leur premier avantage de la partie (18-17, 14e). Alors que le bouillant Monschau s‘agitait comme un diablotin dans sa boîte, Guillard et les siens martelaient leur entêtement à combattre. Et à prendre les commandes du navire. Le meilleur exemple ? Ce tir supersonique de Kenny Younger à la limite des 24 secondes (27-23). Un autre ? Ce deux+un de Pape Badiane à la barbe d’un Akpomedah désabusé (30-25).

 

Un 0-10 dur à encaisser

 

On redoutait une curée. On assistait à un festin. Servi par des locaux héroïques au corps à corps. A la pause, au moins, le PB déjouait superbement les pronostics (34-28). Pouvait-il tenir la cadence ? Telle était la seule et unique question apte à gangréner les esprits des survoltés des travées. 

 

Juste question ! Qui trouvait une réponse cinglante dans un début de troisième quart somnolent. Wright toujours aux abonnés absents, Badiane trahi par ses lancers francs, le PB lâchait rapidement, trop rapidement, du lest. Le BCM n’avait qu’à se servir. 37-41, TVA comprise !

 

Le coup de semonce était terrible, mais Poitiers avait le mérite de stopper l’hémorragie. Il était temps. Devéhat remettait même les siens devant (44-43) de deux lancers francs. La suite ne pourrait être qu'« apoplexique ». Quoique !

 

Wright profitait même de l’amorce du quatrième pour inscrire… son premier panier personnel. Un signe du destin ? Pas vraiment ! Albicy, hors zone, se chargeait de le conjurer. Et d’emmener les siens sur son porte-bagages (50-57). Vingt-cinq points au total pour le lutin tricolore. Ç’en était trop pour un PB en panne sèche et le souffle haletant.

 

Ni le public, magistral, ni JJ Miller, ne pouvaient sauver la patrie d'un magistral trou d'air terminal. Nelhomme et les siens pourront certes se consoler de n’avoir pas subi la déculottée que beaucoup leur prédisaient. Mais au final, ces treize points d’écart font effroyablement mal aux tripes.

 

 Photo Seb Jawo

 

La fiche

A Poitiers, gymnase Saint-Eloi. 2700 spectateurs. PB86 – Gravelines : 59-72. Mi-temps : 34-28. Arbitrage de Mle Delaune, MM. Canet et Machabert. . Evolution du score : 12-14, 34-28, 48-49, 59-72.

Poitiers

Gomez (6), Grant (8), Wright (2), Guillard (12), Badiane (9), puis Fournier (8), Younger (10), Devéhat (4), Harley (0). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 

Gravelines

Bokolo (8), Albicy (25), Jomby (13), Akpomedah (0), Vaty (15), puis Edwards (1), Sy (0), Johnson (10), Sials (0), Issa (0).  Entraîneur : Christian Monschau.

 

 

Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Ce n’est jamais agréable de perdre un match, mais celui-ci me laisse un goût amer. On voit que sans JJ Miller, nos inspiration et notre allant ne sont pas les mêmes. Face à des équipes moyennes, cela peut passer, contre une formation aussi complète que Gravelines, c’est beaucoup trop juste. Le pire, c’est qu’on perd cette partie sur des détails, un ou deux ballons égarés, un ou deux shoots ouverts offerts à l’adversaire. On a manqué de solutions pour créer, mais on pouvait passer. Sur les deux dernières rencontres, on avait les moyens d’en ramener une. J’espère qu’on ne le regrettera pas trop. Maintenant, récupération. Indispensable avant le long déplacement à Hyères. »

 

Cédric Gomez (meneur du PB 86) : « On a su contrôler leur jeu rapide en début de match, mais sans doute a-t-on laissé pas mal de plumes dans cette première mi-temps ; Il a fallu cravacher, avec des solutions de rechange réduites. Eux ont deux équipes en une, ils sont athlétiques, costauds et véloces. Physiquement, on a payé cette différence sur la fin. Et la lucidité nous a fuis. Quant à moi, j’ai certes manqué de rythme, mais globalement, je me suis senti bien. Mais si je n’ai pas pu faire grand’chose pour empêcher Albicy de prendre feu. »

 

Christian Monschau (entraîneur de Gravelines) : « Je comprends mieux pourquoi Poitiers perd si peu chez lui. Cette équipe joue bien au basket, elle est soudée, collective. Et ce chaudron me fait un penser à celui de Roanne.. Ce soir, JJ Miller leur a sans doute fait défaut, car il a privé le PB d’une arme majeure au scoring, mais pour nous, la partie a été très rude, avec un écart final que ne reflète en rien la teneur des débats. Je félicite quand même mes joueurs d’avoir su afficher une telle constance défensive aux 1er et 4e quarts-temps. Il le fallait pour ne pas trébucher. »

 

 

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