L’économie solidaire à pied d’œuvre

Elles emploient un salarié sur six. Réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 1,7 milliard d’euros en Poitou-Charentes. Et pourtant, les entreprises de l’économie solidaire restent en marge du système dominant. Elles ont un mois pour se faire connaître. Exemple avec Eive 86.

Arnault Varanne

Le7.info

A Migné-Auxances, le Domaine de Malaguet offrira dans quelques années une vue imprenable sur la Ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Le site va se voir amputé d’une (petite) partie de ses quarante hectares. Cela n’inquiète pas outre mesure Thierry Picaud. Ce Niortais de souche dirige Eive 86, une entreprise d’insertion par l’activité économique, reprise en 2008, dont le siège social se trouve à Malaguet. Avec vingt salariés, la PME mignanxoise se bat sur les mêmes marchés que les autres, à savoir l’entretien des espaces verts et naturels. 

Sa différence ? « Nous sommes une entreprise hybride avec un double projet et un double financement », résume le chef d’entreprise. Eive 86 appartient, de fait, au vaste champ de l’économie sociale et solidaire. « Je ne suis pas un penseur, mais je considère avoir une approche humaine de l’économie. Je me sens investi d’une responsabilité sociétale. » À commencer par celle de favoriser l’insertion dans la vie active de publics en grandes difficultés (demandeurs d’emploi longue durée, jeunes sans qualification…). 

Filières courtes et emploi 

Également dirigeant de plusieurs entreprises à Niort, Thierry Picaud assume ce « parti pris », comme ses  « choix de vie et de fonctionnement ». « D’autant que nous sommes rentables sur l’activité économique », s’empresse-t-il de préciser. Entrepreneur dans l’âme, ce diplômé en aménagement du territoire s‘apprête même à faire naître un nouveau projet. En lien avec d’autres partenaires(*), il participe à l’installation de six maraîchers sur le Domaine de Malaguet. 

« Ici, vingt hectares sont exploitables. Il y a, en plus, un vrai besoin en filières courtes, des porteurs de projets, plusieurs emplois à la clé… C’est bien, non ? » Personne ne dira le contraire ! Il est même question de créer une conserverie et un espace de vente sur place. « J’ai la volonté de développer des entreprises. Si c’est ça être entrepreneur solidaire, alors je m’inscris pleinement dans la démarche… » 

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Un fonds de dotation régional

Qui dit économie solidaire dit financement solidaire. À ce titre, Insertion Poitou-Charentes Active, l’Iris et l’Ordre des experts-comptables Poitou-Charentes-Vendée viennent de créer un Fonds de dotation spécifique. Les entreprises et particuliers peuvent l’abonder et contribuer ainsi à «soutenir des projets d’utilité sociale et des emplois non délocalisables». Ces dons ouvrent droit à une réduction d’impôt égale à 60% (66 pour les particuliers) du montant. Plus d’infos auprès de Laurence Fouin au 05 49 42 14 82. 
 
Repères 
En chiffres
69 530 emplois dans la région... 
...soit 12% de l’emploi total. Poitou-Charentes est la 3e région française de l’économie sociale et solidaire. Laquelle représente 9,9% de l’emploi national, pour 2,3 millions de personnes salariées. 

Agenda 
Les dates à retenir 

Dans le cadre du mois de l’Economie sociale et solidaire, est organisée la Semaine de la finance solidaire. Insertion Poitou- Charentes Active (IPCA) et Finansol mettent sur pied deux temps forts. Le 10 novembre (8h-17h),  « L’Educ Tour » permettra à une cinquantaine de personnes de découvrir, en bus, quatre projets nés de la finance solidaire dans la Vienne. Deuxième événement : une conférence intitulée «La finance solidaire, parlons- en», le 23 novembre dans l’amphi de l’Escem (11, rue de l’Ancienne-Comédie) Entrée gratuite. Infos auprès de Benjamin Le Fustec sur benjaminlefustec@gmail.com et Alexis Scalabre sur ascalabre@escem.fr 

La phrase
Penser le vivre ensemble 
« L’économie solidaire privilégie la dimension sociétale. Elle n’est pas évaluée seulement sur la rentabilité économique, donc la capacité à produire des biens, mais sur la manière de penser le vivre ensemble. » D’Elena Lesida, économiste, auteur du livre «La crise, une chance pour renouer les liens» (Albin Michel, février 2011). 

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