La «3D» s’imagine à Poitiers

Le laboratoire « Signal, Image, Communication » du Futuroscope figure parmi les quinze centres mondiaux choisis pour évaluer la télévision 3D du futur. Une trentaine de « cobayes » ont donné leur avis sur la qualité d’une série d’images compressées. Le «7» était de la partie.

Antoine Decourt

Le7.info

Jeudi 3 novembre, 15h. Rendez-vous est fixé au SP2MI, le bâtiment de la faculté des Sciences de la Technopole du Futuroscope. Au quatrième étage, l’effervescence ne retombe pas. 

Depuis le début de la matinée, les volontaires se succèdent. La plupart sont étudiants, enseignants-chercheurs ou personnels administratifs au sein de la faculté. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Un seul individu suspect, journaliste du 7, s’est perdu dans les couloirs avant de prendre place au milieu de la trentaine de  « cobayes »… Pile à l’heure ! 

Première épreuve : l’examen médical pour vérifier l’acuité visuelle. « Monsieur, vous distinguez très bien les couleurs et les reliefs », atteste Chaker Larabi, responsable du programme au sein du laboratoire « Signal, Image, Communication ». Me voilà rassuré ! D’autant que je suis quand même là pour évaluer la qualité d’images en trois dimensions. 

3D à lunettes 


Le temps de remplir une fiche d’identification et je me retrouve assis à trois mètres d’un écran géant dans une salle obscure. A mes côtés, Boris et Pierre portent des lunettes semblables à celles que j’ai achetées au cinéma il y a quelques semaines. Je m’en procure également. Les pieds de ma chaise sont positionnés sur des petites croix dessinées au sol. Tout est étudié. Le test va commencer. 

« Vous êtes ici pour évaluer des méthodes de compression d’images en 3D, explique Chaker Larabi, debout devant nous. Quinze laboratoires pratiquent actuellement les mêmes tests dans le monde. L’objectif final est d’aboutir à un décodeur qui équipera les téléviseurs du futur. » Mon sourcil droit se lève et trahit une certaine méconnaissance du domaine. Heureusement, ma voisine de derrière me souffle à l’oreille quelques informations complémentaires : « Les flux audio et vidéo seront si lourds qu’il faudra les compresser pour les transporter. Le but de notre test est donc de déterminer un format de compression standard qui altère le moins possible la qualité de l’image. » Ok, j’ai compris. Le décodeur, intégré à l’écran, devra décompresser ce flux de données. Comme un décodeur TNT ! Les chercheurs et industriels du groupe  « Mpeg » veulent établir des normes pour que tous les écrans puissent diffuser les futurs contenus 3D. 

56 clips à évaluer 


« Are you ready ? » Tiens, l’assistant de Chaker est un étudiant étranger ! Durant un quart d’heure, je vais comparer une série de clips parfaits (la référence) à d’autres compressés. Une pause et rebelote. Au total, cinquante-six saynètes. De quoi provoquer une légère fatigue oculaire que je n’hésite pas à notifier sur le questionnaire médical distribué en fin de séance. C’est tout ! Pas d’autre « effet néfaste » à signaler de mon côté. Ni vertige, ni mal de tête et aucun trouble de la concentration. Pierre et Boris s’en sont également sortis indemnes. « Certaines images étaient vraiment d’aussi bonne qualité que la version de référence en haute définition. C’est de bon augure », remarque ce dernier. 

Au-delà de la technique, de nombreux « thésards » dans le monde s’intéressent déjà aux effets indésirables de la 3D, comme la perte de repères. Au « Sic », un doctorant démarre cette semaine une étude d’impact de cette technologie sur la fatigue visuelle.

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