Bas les masques

Le Regard de la semaine est signé Delphine Roux.

Le7.info

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Il est presque arrivé le temps où nous pourrons totalement oublier nos masques anti-Covid, respirer l’air pur et nous délecter d’un « airgasme ». Comme nous l’avons attendu ce moment ! Comme quoi, il est gênant de porter un masque, il dissimule le visage du locuteur et du récepteur, cela biaise le dialogue en installant une double distance entre nous et l’autre, en dissimulant l’expression des émotions, cela fait suffoquer, crée des irritations… Baisser le masque va nous permettre de retrouver l’authenticité de nous-mêmes.

Il s’agit d’une métaphore de la vie finalement. Alors crions « bas les masques » ! Car des masques nous en portons d’autres en permanence, des masques invisibles. Carl Gustav Jung parle de masque lorsqu’il s’agit de se couler dans un personnage socialement prédéfini afin de tenir son rôle social. Le faux self est construit pour les interactions sociales selon Donald Woods Winnicott.

Nous portons tous des masques : celui de l’écolier, du salarié, de la maman modèle, de la bonne copine, de la gentille fille ou de la révoltée… Les masques sont là pour s’adapter aux autres dans une situation donnée, comme autant de curseurs pour coller à une situation. Aussi, porter des masques pour l’interaction avec autrui n’est-il pas différent du masque en temps de pandémie. La question est donc : êtes-vous conscients de vos masques ? Sont-ils protecteurs, manipulateurs ou narcissiques ? A quoi vous servent-ils vraiment ? A vous cacher, à séduire, à mentir, à atteindre le pouvoir ou à cacher votre vraie personnalité ? A quoi sert cet artifice qui permet de se faire passer pour ce que nous ne sommes pas réellement ?

Le risque, à terme, est de ne plus réussir à s’en défaire et de s’égarer, de ne plus savoir qui nous sommes exactement à savoir des êtres singuliers, imparfaits certes, mais riches de ces imperfections. Lorsque le masque tombe, cela crée du vide autour de soi ou nous laisse nous enliser dans des rapports superficiels, sans engagement ni affect. Ce masque est énergivore car il impose un jeu d’équilibriste entre le moi réel et ce que j’aimerais que l’on voie de moi, le meilleur. Tomber le masque chirurgical et, en miroir, le masque social nous apportera la liberté. Celle de respirer, d’être, de vivre, en toute conscience et liberté et sans craindre pour notre vie. Car il n’est jamais dangereux d’être soi-même.


CV express
Professeure de lettres-histoire pendant treize ans, personnel de direction en collège et lycée depuis 2015 dans l'académie de Poitiers. Directrice du collège EIB Monceau à Paris depuis août 2020. Chargée de communication de l’école de comédie musicale Broadway School, qui a ouvert en septembre 2020. Mère de deux enfants de 11 et 13 ans. 

J'aime : l'art et la culture, les langues étrangères, le yoga, le running, les voyages, les chats et les framboises.

J'aime pas : le sexisme, le racisme, les embouteillages, les insomnies, les moustiques et les choux de Bruxelles.

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