Crise des vocations : 
entre lassitude et passion

Cette année, Le 7 part sur la route des élections municipales. Au fil de cette série, la rédaction ira à la rencontre de celles et ceux qui, derrière l’écharpe tricolore, portent la démocratie au quotidien : leurs espoirs, leurs doutes, leurs combats, mais aussi leur passion de servir, au plus près des habitants.

Le7.info

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Agressions, incivilités, baisse des budgets… Sur la scène nationale, les reportages s’enchaînent pour dépeindre le quotidien des maires de communes urbaines et rurales. L’écharpe tricolore attire-t-elle encore ? La question se pose, alors que les élections municipales auront lieu les 15 et 
22 mars 2026. Dans la Vienne, les chiffres confirment un certain désenchantement. L’Association des maires de France (AMF 86) a mené une enquête auprès de 245 élus. Résultat : 34,9% déclarent ne pas vouloir se représenter, contre 35,8% qui envisagent de briguer un nouveau mandat. Des chiffres quasiment identiques, mais qui révèlent surtout un malaise profond. Près de 59% des édiles évoquent en priorité le manque de ressources financières pour exercer leur mission. « C’est une réalité : il devient de plus en plus difficile de mener nos projets à terme. Les efforts demandés aux communes sont considérables et nous sommes contraints de faire des choix… pas toujours compris par les administrés », souligne Eric Ghirlanda, maire de Saint-Georges-lès-Baillargeaux. Viennent ensuite les difficultés à concilier vie personnelle et mandat (35,8%), ainsi que le sentiment de solitude face aux responsabilités (35,8% également). 
« Les réglementations sont très exigeantes. Elles sont nécessaires, mais on peut se sentir désemparé devant la lourdeur administrative. Il n’y a pas de formation pour être maire, on fait des erreurs, puis on apprend à nos dépens. » note Claude Eidelstein, maire de Chasseneuil-du-Poitou. Depuis le début du mandat, vingt-cinq maires ont démissionné de leur fonction et six sont décédés dans la Vienne.


Piliers du vivre-ensemble

A cette dure réalité s’oppose pourtant une autre vérité : la passion et la force de l’engagement. Chez tous les élus rencontrés, le moteur reste le même : l’intérêt général et les liens tissés avec les habitants comme au sein de la mairie. Car si les conditions matérielles et humaines sont vivement critiquées, la vocation première, elle, ne vacille pas. « C’est assez contradictoire. On sait qu’on va souffrir par moments, mais c’est compliqué de se passer de ces responsabilités une fois qu’on y a goûté », confie Marie-Claire Pelletier, maire de Thurageau. Comme elle, beaucoup de maires ont commencé comme adjoints avant d’endosser l’écharpe, multipliant les mandats. Le profil type reste marqué par l’expérience. L’âge moyen des maires de la Vienne est de 63 ans, avec une forte représentation des 65-69 ans 
(45 élus). Les femmes, plus jeunes en moyenne, sont surtout présentes entre 50 et 
54 ans (61 élues). 


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