Alexia Ondongo : « Nous saurons rebondir »

A travers une série de portraits, Le 7 donne la parole à une génération qui construit le présent et imagine le futur. Entre doutes, convictions et espoirs, ces jeunes racontent comment ils s’engagent aujourd’hui pour préparer le monde de demain.

Pierre Bujeau

Le7.info

Le projet dont tu es 
la plus fière ?
« J’ai cofondé l’association Bien dans Nos Rues il y a deux ans, à Poitiers, pour lutter contre le harcèlement de rue. Tout est parti d’un sondage qui révélait que 72% des habitants avaient déjà subi du harcèlement. Face à ce constat, nous avons interpellé la mairie, puis lancé l’association. »

Comment imagines-tu ta vie dans 30 ans ?

« J’espère être avocate, travailler dans le droit ou un secteur tourné vers les gens. La solidarité est le fil rouge de ma vie. Déjà, en CP, je m’improvisais avocate dans la cour de récré : je mettais deux camarades face à face et je les défendais tour à tour dans une affaire… de vol d’écharpe ! »

Et la société 
dans 30 ans ?

« L’histoire nous montre que chaque avancée sociale est suivie d’un sursaut, le fameux « backlash ». 
Ceux qui se sentent menacés dans leurs privilèges réagissent bruyamment, et c’est ainsi que les pensées conservatrices reprennent du terrain. Aujourd’hui, nous sommes en plein dans cette séquence. L’ombre de l’extrême droite au pouvoir est bien réelle. Mais j’ai foi en ma génération et en l’humanité : nous saurons rebondir. »

« Les pensées conservatrices reprennent du terrain. »

Qu’est-ce qui te révolte ?

« Le racisme, sous toutes ses formes. Au-delà des expériences personnelles, ce qui est encore plus douloureux, c’est quand il est institutionnalisé. Très tôt, on nous fait comprendre que, parce qu’on est noir, on n’est pas accepté comme les autres. Une petite phrase, un geste et les inégalités en général, ça marque un enfant à vie. Bien souvent, on excuse les auteurs de ces discriminations parce qu’« ils étaient jeunes ». Mais leur victime l’était aussi. Ces personnes ont marqué l’enfant que j’étais et la femme que je suis. »

Comment tu t’engages 
pour changer les choses ?
« D’abord à travers mon association, mais aussi dans la rue, lors de manifestations. Ce sont des moments très puissants. Lors de la dernière mobilisation pour soutenir Gisèle Pelicot, j’ai ressenti une colère partagée, mais aussi une immense énergie collective. Ces instants redonnent foi en l’action. »

Quelle place occupe l’écologie dans ton quotidien ?
« Depuis toujours, je fais naturellement ces petits gestes du quotidien : trier mes déchets, limiter ma consommation d’eau ou d’énergie… On nous a souvent présentés comme « la génération qui doit sauver la planète ».
 Mais je sais que ces efforts, aussi symboliques soient-ils, ne suffisent pas. La responsabilité première incombe aux grandes puissances économiques et aux gouvernements, qui tardent à prendre des décisions à la hauteur de l’urgence climatique. À mon échelle, j’essaie donc de réfléchir davantage à mes choix de consommation. C’est cohérent avec mes valeurs et je crois que nos comportements collectifs peuvent envoyer un signal fort. » 

Quand tu regardes l’actualité, ça t’inspire quoi ?

« Comme beaucoup de jeunes, je ne regarde pas la télé. Je me méfie aussi des algorithmes des réseaux sociaux qui enferment dans la négativité. Je privilégie l’information locale : elle me montre des réalités que je vis, des initiatives collectives concrètes. »

« Ces personnes ont marqué 
l’enfant que j’étais et la femme que 
je suis. »

Qu’est-ce qui te donne 
de l’espoir ?
« Les gens. L’humain. On vit dans une société saturée de peurs et de discours négatifs, mais il suffit de se reconnecter aux autres pour retrouver confiance. L’empathie est trop souvent mise au second plan. Je m’en rends d’autant plus compte depuis mes révisions et les semaines passées seule à bachoter. Au fond, nous ne sommes rien sans les autres. »

Quel message adresser 
aux générations à venir ?
« Engagez-vous. Certains voient l’engagement comme une contrainte, moi je crois que ça libère. Informez-vous, suivez vos valeurs, et vous verrez : quand on prend conscience des injustices, on ne peut plus rester les bras croisés. »
 

Nom : Ondongo
Prénom : Alexia
Age : 25 ans 
Profession : étudiante en droit
Valeur : l'engagement
Phrase marquante : « La lumière luit dans les ténèbres. »
Couleur : le rouge 
Film : The Truman Show

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