Le budget 2021 de la Ville de Poitiers a été adopté hier soir. L'augmentation des dépenses a fait réagir les oppositions. Caserne de Pont-Achard, Extinction de l'éclairage public, consultation 5G... Plusieurs autres sujets ont également été abordés.

Romain Mudrak

Le7.info

Budget
Le budget principal de la Ville de Poitiers s’élève à 192,68 M€, dont 127,47 M€ en fonctionnement. « Il répond à deux lignes transversales : répondre aux enjeux du présent et à ceux de demain, pour offrir un avenir sécurisant et souriant pour les Poitevins. » Un focus a été fait sur le CCAS, dont la participation de Poitiers (10M€ sur 32M€) est en hausse de 4%. La raison ? Compenser les efforts de la crise Covid et revaloriser les salaires des soignants des Ehpad, comme le prévoit le Ségur de la santé. « Le problème, c’est que nous devons le financer de manière rétroactive depuis septembre mais que l’Etat n’a toujours rien compensé », a noté la maire, Léonore Moncond’huy.

Exonération des taxes sur les terrasses
Les investissements nouveaux représentent 25,8M€. Ce budget se décompose en quatre piliers : Agir pour la justice sociale
 ; Agir pour la transition écologique ; Agir pour une confiance renouvelée en la démocratie locale et la participation citoyenne ; Agir pour le développement local et le rayonnement du territoire. Les deux parts les plus importantes reviennent à l'éducation (26%) et à la culture (19%). Parmi les actions énoncées, 1,9M€ pour la végétalisation de la ville, le lancement d'un programme de « réinvention du Bois de Saint-Pierre », 400 000€ pour financer l’opération « vacances pour tous » (objectif 1 500 personnes), l'exonération des taxes sur les terrasses (300 000€), un « commerce test » en centre ville, un plan de relocalisation de la production alimentaire (100 000€)… Beaucoup d’études de réhabilitation figurent dans ce premier budget. A noter que les subventions au secteur associatif s’élèvent à 23,4M€ (+5,2%). « 48% des investissements visent à poursuivre des actions déjà engagées », précise l'édile.

Plan de relance nationale
En recherche active de partenariat financier, la mairie indique avoir reçu l'aval de l'Etat sur le Plan de relance national. La Dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) apportera ainsi un co-financement (15%) à hauteur de 1,6M€ pour sept projets de rénovation d'écoles et de patrimoine.

« Vous endettez les générations futures »
Comme lors du débat d’orientations budgétaires, l’augmentation des dépenses a fait réagir les oppositions. « C’est le premier budget marqué de votre empreinte. Nous sommes inquiets. Vous faites le choix d’engager un endettement considérable pour notre commune dans les années à venir. Sur 2021, ce sont 7M€ de dettes supplémentaires. Cela pourrait s’entendre s’il y avait derrière cela une véritable vision, mais il n’en est rien », déplore Anthony Brottier (Notre priorité, c'est vous !). Il parle de « communication politique ». Commerce, vie de quartier, places en aide sociale... Les choix de la majorité n'ont pas ses faveurs. De son côté, François Blanchard (Poitiers, l'avenir à taille humaine) fait le parallèle avec le budget d’une famille entre hausse des dépenses et baisse de l’épargne brute. « Vous diminuez les capacités d’autofinancement de nos projets d’investissement et vous choisissez d’endetter les générations futures. » Les deux groupes ont voté contre ce budget.

« Un avenir désirable pour les jeunes générations »
« Votre budget ne me fait pas rêver », a lancé Bouziane Fourka, élu de la liste Poitiers, l'avenir à taille humaine. « Beaucoup de choses sont décidées par Grand Poitiers. Peut-être que le rôle d’une ville, c’est de rassurer. Ça me va aussi », répond Léonore Moncond’huy. Avant de conclure : « Le prisme écologique est à prendre en compte dans toutes nos politiques. Malgré le fait que le changement climatique soit inéluctable, nous devons faire en sorte que ce ne soit pas une catastrophe pour les jeunes générations. Dans ce cadre très contraint, nous devons leur offrir un avenir désirable. C’est notre mission. »

L’impact de la crise
L’impact de la crise, c’est 4M€ pour la Ville : 1M€ pour la CCAS, 1,7M€ de pertes de recettes et 1,2M€ pour des dispositifs de protection des salariés.

Caserne de Pont-Achard
La caserne de Pont-Achard rouvrira dès le printemps 2021 pour devenir un vrai « tiers-lieu phare » (120 000€ de fonctionnement, 300 000€ dédiés aux premiers travaux et à des études de réhabilitation complémentaires).

Extinction de l’éclairage public
Les débats sur le budget ont été précédés pendant près d’une heure par des échanges autour de plusieurs sujets. A commencer par l’extinction de l’éclairage public. L'opposition a souligné le manque de concertation. La municipalité a profité de « l’opportunité » offerte par le couvre-feu pour l’expérimenter. Une évaluation sera réalisée à partir de la mi-mai. pour déterminer les économies réalisées, le retour de la faune... « Dans les autres villes, cette mesure n’a pas eu d’impact sur l’insécurité », note la maire. En revanche, le secteur autour de l’école Daudet a été rallumé après l’apparition d’un sentiment d’insécurité. « Nous restons ouverts pour changer les horaires et les zones. » « Aujourd’hui, si c’était à refaire, je ferais différemment. Le temps était trop court entre l’annonce et la mise en place. »

Consultation 5G
Deux fois reportés, le lancement de la convention citoyenne sur la 5G est finalement prévu le 30 avril. Alexandra Besnard est revenue sur la polémique récente : « Nous revendiquons le choix exigeant d’être accompagnés par la Commission nationale du débat public Nous avons proposé à l’opposition d’intégrer le comité de pilotage. Pas de réponse de Poitiers à taille humaine, seulement une du groupe d’Anthony Brottier. » « On apprend, on expérimente de nouvelles manières de faire, reprend Ombelyne Dagicour, première adjointe en charge de la démocratie locale. Il n’y avait aucun service dédié à la participation citoyenne. »

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