Aujourd'hui
A quel moment les conclusions de l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale sur la gestion de l’affaire Inès seront-elles connues ?
« Je n’ai pas de réponse à cette question. L’IGPN permet une externalisation des investigations. Je peux simplement dire que l’enquête est en bonne voie d’avancement. Mais comme vous le savez, deux autres enquêtes administratives sont en cours, dont l’une concerne la justice et l’autre est centrée sur l’auteur des faits. »
Un policier a témoigné récemment dans le JDD pour dénoncer le manque de moyens face à l’augmentation des affaires de violences intrafamiliales. Est-ce avéré ?
« Je veux d’abord faire passer un message de soutien à l’ensemble de mes effectifs, et en particulier aux enquêteurs qui font un métier difficile. Nous avons très vite engagé des réunions de travail avec la procureure de la République dans le but de développer des stratégies d’action. Notre objectif est de travailler de manière plus resserrée avec les autorités judiciaires et de donner davantage de lisibilité au travail des enquêteurs. »
Est-ce à dire qu’ils en manquaient ?
« Le fait est que depuis quelques années, de nouveaux délits ont été créés et la parole s’est libérée, pas simplement sur les violences faites aux femmes. Tout cela génère du contentieux et une charge de travail considérable, il ne faut pas le nier. C’est une réalité. »
On en revient à la question des moyens humains...
« Je suis ce sujet de très près. Tous les leviers qui permettent de renforcer les effectifs consacrés aux enquêtes sont activés. Certains commencent à porter leurs fruits. On a des arrivées qui vont prochainement se faire, des mouvements de mutation en fin d’année. Mais je ne peux pas encore donner de chiffres. »
Un dealer a tué un adolescent aux Couronneries, à Poitiers. Qu’est-ce qui a changé depuis dans la lutte contre le trafic de stupéfiants ?
« Les stupéfiants, c’est la délinquance qui change le plus, qui nous impose le plus des efforts d’adaptation. On a vu se développer des phénomènes d'ubérisation, de vente sur le net, la vente de drogues de synthèse, d’usage détourné du protoxyde d’azote. La stratégie d’actions doit s’inscrire dans le cadre des priorités données par le ministre, puis relayées localement par le préfet. Il faut lutter tous azimuts. »
Qu’entendez-vous par tous azimuts ?
« Cela veut dire qu’il faut d’abord considérer l'usage en cassant l'image un peu récréative, hédoniste et autocentrée du consommateur, déconnecté de la source. S'il y a une offre, c'est qu'il y a une demande. Plus on consomme, plus on a besoin d'argent. Et on peut insidieusement basculer de la catégorie de l'usager simple à celle un peu plus élevée de l'usager revendeur. On va continuer à travailler de manière méthodique, rigoureuse et acharnée pour lutter contre le trafic. »
Que répondez-vous aux habitants des Couronneries qui se désespèrent de voir les dealers trafiquer en place publique ?
« La priorité numéro 1 dans la lutte contre les trafics, c'est ce qui se voit sur le public, lorsqu'il y a une emprise alimentée par un point de deal. C'est ce qui pourrit la vie des gens, les empêche d’avoir droit à la tranquillité. Il ne faut surtout pas céder au découragement. En tout cas, nous, on n’y cède pas. Ce que je suggère à nos concitoyens, c’est de composer le 17 en cas de détresse. Ils ont aussi un outil numérique tout simple : masecurite.fr. On peut faire des signalements en ligne. »
(*)C’est son quatrième poste de direction après Blois, Niort et Troyes. A 59 ans, le commissaire général Franck Perrault a pris ses fonctions le 15 septembre à Poitiers. Il a succédé à Muriel Rault.
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