Le confinement révélateur de nos maux : un appel à nous changer nous-mêmes!

Le Regard de la semaine est signé Elisabeth Morin-Chartier, députée européenne entre 2007 et 2019, membre du Haut Conseil à l’Egalite et conseillère du président de la Fondation Schuman.

Arnault Varanne

Le7.info

Le confinement lié à la crise sanitaire, que nous allons encore vivre plusieurs mois (plusieurs années?), est un temps tragique de notre histoire qui va tous nous marquer durablement. Demain ne ressemblera pas à notre vie d’hier. Nous pouvons vivre en consommant moins et en consommant autrement, nous pouvons télétravailler, organiser à distance des réunions qui évitent de nombreux déplacements, retrouver notre famille et nos amis via les nouvelles technologies... Cette tragédie sanitaire nous oblige à nous repenser et à nous responsabiliser.

Mais alors même que nous nous unissons pour vaincre ce fléau, le confinement a mis en lumière des violences intrafamiliales exacerbées par l’enfermement. Les turpitudes du huis clos familial explosent sur la place publique. Au 119, le nombre d’appels d’enfants maltraités a plus que doublé. Quant aux femmes victimes de violences conjugales, les signalements entraînent une augmentation des interventions des forces de sécurité de plus de 30%. Dans le monde de demain, saurons-nous nous mobiliser pour protéger les plus faibles et ne pas fermer les yeux sur les violences intrafamilales ?

Pourtant, dans la lutte contre la pandémie, dans la mobilisation pour notre survie quotidienne de confinés, les femmes étaient très nombreuses, souvent aux postes les plus exposés mais les plus modestes : infirmières, aides-soignantes, personnels de ménage, caissières... Et tant d’autres, discrètes, anonymes... transparentes sur les plateaux de télévision. Dans le monde de demain, saurons-nous reconnaître à leur juste place celles et ceux qui se sont mobilisés pour nous en prenant des risques pour eux et pour leur famille ? Saurons-nous leur témoigner notre reconnaissance dans une société vraiment solidaire ?

Dans ce laboratoire familial lié au confinement, l’école a aussi fait irruption. Les parents ont dû se confronter à la charge éducative où le savoir, le professionnalisme et la patience doivent se conjuguer. En moins de 48 heures, ces parents sont devenus les premiers admirateurs des enseignants ! Demain, que ces mêmes parents n’oublient pas que l’école n’est pas une garderie mais un lieu où de vrais professionnels élèvent nos enfants par le savoir, la culture, la vie sociale et qu’à ce titre leur métier doit être reconnu. Ces enseignants doivent être respectés non seulement par leurs élèves mais aussi par les parents d’élèves. Oui notre vie demain va vraiment changer, et c’est nous qui devons la changer aussi en modifiant nos propres comportements.

CV express
71 ans, Députée européenne de 2007 à 2019, premier questeur au Parlement européen. Historienne de formation, auteur de la Directive européenne sur les travailleurs détachés et de la lutte contre le harcèlement. Membre des Haut Comité à l’Egalité Femme-Homme.

J’aime : mon prochain, l’Europe, la vie de Simone Veil et celle d’Eddy Mitchell, les films de Claude Lelouch, les éclairs au café, faire du vélo.

Je n’aime pas : le racisme, la violence, l’injustice, les halls de gare et les avions en retard.

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