Wangari Maathai, la femme qui plantait des arbres

Le Regard de la semaine est signé Cheikh Diaby.

Le7.info

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C’est l’une des femmes les plus inspirantes que l’Afrique ait eu à connaître. Biologiste, première Africaine à recevoir le prix Nobel de la paix... C’est un destin hors du commun que celui de Wangari Maathai. Dès le début des années 70, elle avait saisi les conséquences de la déforestation. Dans son discours de récipiendaire du prix Nobel, elle livre cette tranche de vie de son enfance : « Je passais mes jours à jouer sous les feuillages des marantes, où je cherchais en vain à ramasser les œufs des grenouilles, persuadée que c’était des perles. Mais chaque fois que j’essayais de les prendre avec mes doigts, ils se cassaient. Des têtards flottaient par milliers dans l’eau : noirs et vifs, ils glissaient dans cette eau claire à travers laquelle on percevait le fond brun du fleuve. Tel était le monde que j’avais hérité de mes ancêtres. »

En 1966, après un long séjour aux États-Unis, elle revient dans son pays natal pour y occuper un poste de professeure d’université, et là c’est le choc. Le Kenya qui, cinquante ans auparavant était recouvert à 30% de forêt, ne compte plus que 1,7% de territoire boisé. La dégradation de ce paysage vert et fertile de son enfance forge sa conscience écologique. En 1977, elle lance ce qui deviendra un vaste programme de reboisement à l’échelle nationale, le Mouvement de la ceinture verte. Il faut accélérer le reboisement de la campagne kényane, parfois contre quelques shillings (la monnaie locale) qui permettent aux plus démunis de mieux se nourrir. Ce mélange original d’écologie, de féminisme et de survie a été le cœur battant du militantisme de Wangari Maathai. Faisant le lien étroit entre destruction de l’environnement et appauvrissement, elle érige son action écologique comme un moyen de redonner aux plus pauvres, particulièrement aux femmes, la maîtrise de leur vie. « Chaque fois que vous plantez un arbre, aimait-elle dire, vous plantez aussi une graine d’autonomie pour les femmes, une graine de respect pour l’environnement. »


Dans les années 90, elle s’oppose aux projets immobiliers du président autocrate Daniel Arap Moi. Elle a été menacée, harcelée et emprisonnée à plusieurs reprises. Mais rien ne l’arrêtera dans son élan. « Je suis persuadée, disait-elle, que la gouvernance responsable de l’environnement est impossible sans un minimum de démocratie. »
 Élue députée en 2002, elle deviendra ministre de l’Environnement l’année suivante. C’est cet engagement débordant les frontières stricto sensu de la protection de l’environnement qui a été récompensé lorsqu’en 2004, les jurés d’Oslo ont décerné à la présidente du Mouvement de la ceinture verte le prix Nobel de la paix, en attirant l’attention sur son « approche holistique du développement durable, qui englobe la démocratie, les droits humains et en particulier ceux de la femme ».


Auréolée de son prestige de lauréate Nobel, elle sera de toutes les rencontres mondiales sur l’environnement, de Copenhague à Durban, répétant inlassablement qu’en plantant des arbres, « nous plantons les graines de la paix, maintenant et pour le futur ». 


CV express

52 ans. Marié. Gestionnaire d’indemnisation assurances dans une mutuelle, en cohérence avec les valeurs de solidarité et de fraternité. Responsable départemental de l’association SOS Racisme, membre permanent du bureau national. Soucieux des autres et très attaché aux valeurs de la République.

J’aime : les gens bienveillants, la diversité, la lecture, les repas entre amis, la lecture et la marche à pied.

J'aime pas : la violence, le manque de respect, le cynisme et l’hypocrisie. 


 

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