Au revoir, incorrigibles humains !

Le Regard de la semaine est signé Pascal Pérennès, qui vous offre un dernier poème en bonus.

Le7.info

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C’est déjà l’heure de mon dernier Regards ! Avec cet immense bouleversement civilisationnel, d’une première crise mondiale, je ne vous ai même pas parlé ni de cinéma (qui n’a pas su profiter du confinement pour prendre plus de temps pour écrire de meilleurs scénarios), ni de mon jeu des 7 familles des musées des beaux-arts de Nouvelle-Aquitaine (dont la réalisation m’aura permis de découvrir un livre exceptionnel :
Pierre-Auguste Renoir, mon père de Jean Renoir, qui est ce que j’ai lu de mieux en 2020, et j’ai lu cette année-là…). 

Depuis un an, nous continuons de crouler sous une surinformation (plus racoleuse qu’éducative), une surproduction (tellement plus quantitative que qualitative) et une sur-sécurisation (qui nous fait arrêter de vivre par peur de mourir). Nos dirigeants : les fonds de pensions, des hommes sérieux, continuent d’exiger 20% de bénéfices supplémentaires. Ce seront donc nos enfants qui devront passer d’un extrême à l’autre, de l’obligation du bilan comptable à l’obsession du bilan carbone puisque nous sommes incapables nous-mêmes d’initier une transformation progressive.

Nos sociétés n’arrivent plus à se révolutionner. Nous sommes devenus un océan de petites solitudes individuelles ballottées au gré des tempêtes d’ambitions stupides de multinationales désincarnées. À quel moment l’utopie 
va-t-elle changer de camp ? Car le pire c’est que nous sommes très largement majoritaires à vouloir croire encore en la démocratie. Là, depuis un an, il est clair que le capitalisme n’est pas raisonnable de solliciter une production toujours croissante, sur une planète qui ne l’est pas, c’est utopique et pourtant on continue ! Sommes-nous définitivement condamnés à n’être considérés que comme des consommateurs n’ayant aucune valeur ? Ou « si c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit ! »

Pour essayer, à notre petit niveau poitevin, de commencer à réfléchir, agir et apprécier autrement, je vous donne rendez-vous le 4 juin, de 16h à 20h, au Baudet, le supermarché coopératif de Poitiers (137, place Henri-Barbusse). Le Baudet, comme Jardinature, Compost’âge, Le Pois, Zéro déchet et tant d’autres associations dans notre département, mène des actions concrètes pour sortir joyeusement, équitablement, respectueusement de ce monde du toujours plus et de l’insouciance. A nous maintenant de devenir adultes et d’en profiter autrement si l’on veut que nos petits-enfants aient eux aussi des enfants, un jour... J’aurais voulu finir sur une note plus joyeuse et plus poétique mais je n’ai plus de place, alors je vous invite à découvrir sur le site du 7 mon poème La Pluie, dont le dernier vers est « Lorsque j’entends la pluie, je vois naître le jour ».

 

La pluie

Il était une fois, juste au bord de la mer
Le court dialogue d’un banc avec un réverbère
Ponctué par les plocs insouciants de la pluie
En approchant l’oreille on entendait ceci :
- Quelle patience a le ciel à l’égard de la terre
C’est toujours goutte à goutte qu’il arrose cette dernière
Ne lui versant jamais d’océan vertical
- Il s’en voudrait tellement s’il lui faisait mal
Qu’il contient goutte à goutte toute l’eau qu’il doit lâcher
Même si certains orages nous prouvent qu’il est pressé ;
Caché par les nuages c’est une mer qu’il retient
Nous permettant ainsi de vivre sous son sein
Une maternelle tétée donnée avec amour
Lorsque j’entends la pluie : je vois naître le jour.

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