L’Héliostat, une discrète « curiosité »

Aussi appelé Héliostat, le four solaire inventé par l’Angevin Jean-Luc Perrier est à Poitiers depuis des années. Conservé en pièces détachées, cet outil aux dimensions imposantes demeure aujourd’hui une curiosité scientifique d’exception.

Steve Henot

Le7.info

Certains se souviennent encore de son imposante silhouette, qui a trôné durant vingt ans dans la cour du musée Sainte-Croix. Une parabole d’une surface de 103 m2, de 8 mètres de haut, 12 de large, composée de 
263 miroirs en verre… Immanquable. Cet engin, c’est l’Héliostat, un four solaire qui a produit de l’hydrogène par électrolyse. 


L’appareil a été inventé par Jean-Luc Perrier, un professeur de génie thermique qui l’avait érigé dans son jardin, à Villevêque. Il a été démonté puis transporté jusqu’à Poitiers, en 1983, deux ans après la disparition de son inventeur, à l’initiative du Groupe de liaison pour l’action culturelle scientifique et technique (GLACST), qui a préfiguré l’Espace Mendès-France. Et d’un ami, garagiste loudunais, qui avait aidé Jean-Luc Perrier à transformer des voitures pour les faire rouler… à l’hydrogène ! « Un certain nombre d’universitaires se sont intéressés à ses travaux », se souvient Christian Granseigne, premier salarié de l’association, qui a filmé le trajet de l’Héliostat d’Angers à Poitiers. Et pour cause, c’est une innovation technique majeure dans les années 1970, la preuve que l’on peut stocker de l’énergie (de 50 à 80 kW) à partir d’une électrolyse de l’eau. Le four solaire n’a fonctionné qu’une fois à Poitiers : le 23 juin 1983, lors de son inauguration dans la cour du musée Sainte-Croix.


« Une valeur patrimoniale »

Depuis, plus rien. En 2004, l’Héliostat a été une nouvelle fois démonté et ses 263 miroirs stockés à l’abri sur le campus universitaire de Poitiers. Il a été envisagé, en 2006, de le remettre en route en vue de construire un bâtiment autonome. Ce projet a finalement été abandonné par l’université parce que « très coûteux ». D’autres pistes n’ont cessé d’émerger pour sa réinstallation, dans plusieurs endroits de la Vienne, sans jamais pouvoir aboutir.


A l’heure où l’Etat prévoit d’investir 7,2Md€ dans l’hydrogène d’ici 2030, ne pourrait-on pas imaginer l’Héliostat enfin sortir de sa boîte ? Pas si évident. « C’est le sujet du temps, convient Thierry Pasquier, responsable de la communication de l’Espace Mendès-France. Mais il n’y a pas de projet pour le réhabiliter, ce n’est pas à l’ordre du jour. » La logistique, qui serait colossale, est un frein. « C’est un outil exceptionnel par sa taille, confie Christian Granseigne. On est sur une technologie qui n’est pas moderne mais qui a fait ses preuves. Contrairement à un panneau photovoltaïque qui perd en électricité au bout de 20 à 30 ans, l’Héliostat est assez durable. » Un outil pionnier qu’il convient donc de préserver, comme une pièce de musée. Il a d’ailleurs fait l’objet d’un podcast sur radio.emf.fr, en décembre 2020. « Cet objet garde une valeur patrimoniale, c’est une curiosité historique », souligne ainsi Thierry Pasquier.

DR - Musée Sainte-Croix

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