Le temps (trop) long du Covid

Plusieurs Poitevins ont choisi de fonder un collectif pour échanger sur le mal qui les ronge, plusieurs mois après avoir contracté le Covid. Ils se réuniront à nouveau le 26 novembre aux Salons de Blossac, 
à Poitiers.

Arnault Varanne

Le7.info

Pour Anaïs et Guillaume, c’était en mars-avril 2020. Eliane a été infectée en septembre, Benoît en mai 2021... Ces quatre habitants de la Vienne ne se connaissaient pas il y a encore quelques semaines, mais partagent désormais le fardeau du Covid long. Encore aujourd’hui, Eliane est en arrêt maladie. L’hôtesse de caisse va « un peu mieux depuis un mois », cependant elle ne peut toujours pas réaliser certains gestes de la vie quotidienne. « Passer l’aspirateur ou repasser, ce sont des mouvements violents et difficiles... » La quadragénraire ressent « des douleurs dans les bras et le dos », 
au point de s’interroger sur son avenir professionnel. Avec les autres membres du collectif (naissant) Covid long Poitiers, elle échange « des petites astuces ».

« On ne se sent pas écoutés »

« La médecine est démunie, on n’est pas forcément reconnus comme on devrait l’être, estime de son côté Benoît. Moi, ça a commencé par des symptômes grippaux, de la fièvre, des vertiges, des douleurs thoraciques... Aujourd’hui, j’ai encore quelques problèmes gastriques mais surtout des douleurs musculaires. » 
Un tour du lac de Saint-Cyr et le quadra met « deux jours à s’en remettre ». Les massages et les chaussettes de contention le soulagent, pas au point hélas de pouvoir reprendre sa vie d’avant.

La leur de vie est « entre parenthèses ». Anaïs et Guillaume ont migré de Paris vers Poitiers en janvier 2021. Et dans ses bagages, le couple a emmené le Covid long. La jeune femme a été touchée « juste avant le confinement ». Sévèrement. Une vilaine péritonite l’a mise sur le flanc pendant trois mois. La suite, ce sont « des migraines régulières au niveau des sinus, une sensation de jambes lourdes, un état d’épuisement... » Bref, un quotidien rythmé par les conséquences de la maladie... et une période de chômage qui se prolonge. Son compagnon Guillaume, monteur de documentaires animaliers, évoque pour sa part de 
« grosses douleurs thoraciques » 
et une fatigabilité accrue. « Une forme d’intolérance à l’effort », ajoute-t-il.

« Beaucoup de choses qu’on ne peut pas 
expliquer »

C’est pour « parler en vrai » à d’autres victimes du Covid long qu’ils ont décidé, à la fin de l’été, de contacter Régis Collorec, lui aussi en butte à cette bombe à retardement. Le collectif qu’ils forment vise à fédérer les énergies et créer les conditions d’une « écoute active ». Avec un objectif précis derrière : la reconnaissance de leurs symptômes et de leur souffrance aux yeux du corps médical, des politiques, de la Caisse primaire d’assurance maladie(*)... « A Poitiers, on ne se sent pas accompagnés », assure Anaïs. Le CHU a pourtant mis en place des consultations spécifiques une fois par semaine, sous la forme de créneaux d’une heure par patient. « Ils ont besoin de s’exprimer, admet le Pr France Cazenave-Roblot, cheffe du service des maladies infectieuses. Après, il y a encore beaucoup de choses qu’on ne peut pas expliquer. C’est une maladie qu’on ne connaissait pas encore il y a dix-huit-mois. Ce qu’on sait aujourd’hui avec certitude, c’est qu’au fil des mois, les symptômes régressent. Mais je ne peux pas dire à un patient que ça ira mieux dans un mois car je n’en sais rien. »

(*)La Caisse primaire d’assurance maladie de la Vienne a reçu en 2021 43 dossiers Covid pour une reconnaissance de maladie professionnelle. Seuls 11 ont été validés.


Prochaine réunion du collectif Covid long Poitiers, le vendredi 
26 novembre, à 18h30, aux Salons de Blossac, à Poitiers. 
Plus d’infos à covidlongpoitiers@gmail.com.

 

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