Le médico-social
 dans la rue

Handicap, protection de l’enfance, réinsertion… Les acteurs du secteur médico-social sont inquiets. Après les familles et les employeurs, les personnels de structures sont appelés à descendre dans la rue ce mardi pour dénoncer le manque de considération des financeurs publics. 150 postes ne trouvent pas preneur.

Romain Mudrak

Le7.info

Ils sont éducateurs spécialisés, aides médico-psychologiques, moniteurs-éducateurs, mais aussi infirmiers ou aides-soignants. Travaillent en MAS, IME, Itep, CHRS et autres foyers aux sigles méconnus du grand public. Ces hommes et ces femmes effectuent une mission essentielle pour la société et soulagent des milliers de familles dans le désarroi. Dans la Vienne, 4 000 salariés accompagnent au quotidien des personnes en situation de handicap, soutiennent la réinsertion sociale et professionnelle de ceux qui se sont écartés du droit chemin ou encore construisent un avenir meilleur à des enfants mal partis dans la vie. Le problème, selon eux, c’est que leurs conditions de travail et de rémunération se dégradent depuis plusieurs mois. « Le secteur est délaissé, nous devons faire toujours plus avec moins de moyens », dénonce Marie-Laure Noël, secrétaire départementale de Sud santé-sociaux, qui pointe d’abord les carences de l’Etat, financeur des structures à travers la Sécurité sociale ou l’Agence régionale de santé.

Les employeurs mobilisés

« Les ratios de prise en charge diminuent, poursuit la représentante syndicale. Et bien sûr les salaires proposés ne sont pas attractifs. Une infirmière est payée 500€ de plus à la Polyclinique, une aide-soignante 300€. » Résultat, le nombre de postes à pourvoir explose, faute de candidats. Cent-cinquante ne trouvent pas preneur dans la Vienne. Ce contexte pèse sur les conditions de travail des salariés. « Faute de remplaçants, on se retrouve souvent seuls dans des situations à risque, poursuit Franck Texier, de la CGT. On demande aux éducateurs spécialisés d’arriver plus tôt et de partir plus tard. Les plannings changent au dernier moment. Les démissions augmentent, certains préfèrent aller bosser à l’usine. »

Face à cela, Sud et CGT, majoritaires dans le secteur, appellent les salariés à descendre dans la rue ce mardi. Soixante-dix manifestations sont annoncées en France pour dénoncer ces « difficultés structurelles ». Le constat est d’autant plus probant que même les employeurs partagent le malaise. Quinze associations locales gestionnaires d’établissements d’accueil ont mobilisé les familles samedi dernier à Poitiers (notre photo). « Les personnes en situation de handicap sont les premières victimes. Dans d’autres départements, des établissements ont fermé », note Catherine Wathelet. Le 8 novembre, le Premier ministre a annoncé une revalorisation des personnels soignants du médico-social oubliés du Ségur de la Santé. Suffisant ? Pas vraiment selon la présidente de l’Unapei86 : 
« Les modalités restent floues et les autres professionnels de nos structures ne sont pas concernés malgré leur mobilisation. C’est injustifiable. » Pour les représentants de salariés, leurs collègues restent les « invisibles du social et du médico-social ».

À lire aussi ...