Etienne Craye, directeur de l'Esigelec : « Une opportunité pour le territoire »

Une troisième école d’ingénieurs s’apprête à rejoindre Grand Poitiers, après l’Ensma et l’Ensip. L’Esigelec doit s’installer sur la Technopole du Futuroscope en 2023. Spécialisé dans les systèmes numériques connectés pour l’industrie, l’énergie et la mobilité, l’établissement formera une centaine d’étudiants en apprentissage.

Romain Mudrak

Le7.info

Présentez-nous l’Esigelec 
en quelques mots.
« L’Esigelec fête ses 120 ans cette année. L’école reste évidemment dynamique et dans l’actualité des sciences et des technologies. On est installé sur le campus des sciences de Rouen en Normandie. On forme environ 400 ingénieurs par an. Notre plan stratégique à 2030 s’inscrit dans un processus de développement au service du secteur industriel mais aussi de la nation. Même si notre établissement a le statut associatif privé, il est labellisé d’intérêt général (Eespig) par le ministère de l’Enseignement supérieur. Nous n’avons pas d’actionnaire ou de fonds capitalistique. »

A quels métiers 
l’Esigelec forme-t-elle ?
« L’Esigelec est spécialisée dans les systèmes intelligents connectés dédiés à la transition numérique, écologique et à la mobilité. On fait aussi des choses très pointues dans l’électronique et l’hyper-fréquence qui touche les télécoms, la 5G, les futures normes 6G, les radars de l’armée… Enfin l’un de nos laboratoires est spécialisé dans la robotique pour les véhicules autonomes. »

Quels sont vos projets 
pour Poitiers ?
« L’Esigelec formera en vitesse de croisière une centaine d’étudiants par an, uniquement en apprentissage. La première promotion doit ouvrir en septembre 2023. Dans un premier temps, deux dominantes seront proposées à Poitiers. Elles correspondent à des filières industrielles identifiées sur le territoire. On est sur des grandes tendances d’intelligence artificielle, de big data et de développement de logiciels adaptés à l’industrie 4.0. On veut former des ingénieurs rompus au numérique pour réaliser des processus manufacturiers et du pilotage énergétique. L’électronique, les systèmes embarqués et la cybersécurité, qui font partie de nos secteurs primitifs, sont d’autres pistes pour Poitiers, selon la demande locale. »

Arrivez-vous ici en complémentarité ou en concurrence avec l’offre existante ?
« Notre logique est bien la complémentarité. On fait du numérique mais pas dans la même finalité. On n’est pas là pour prendre des parts de marché à d’autres mais pour élargir l’offre. Je connais bien Roland Fortunier (le directeur de l’Ensma). Je ne m’installe pas dans un endroit qui ne veut pas de nous. »

« Tenir compte de l’offre existante »
Avant d’ouvrir un campus sur la Technopole, l’Esigelec devra obtenir l’autorisation de la commission des titres d’ingénieurs. « Celle-ci devra prendre sa décision en fonction de l’offre existante et des moyens mis en œuvre pour créer les parcours, souligne Jean-Yves Chenebault. Le directeur de l’Ensi Poitiers redoute que la nouvelle école entre en concurrence avec son diplôme « Maîtrise de l’énergie électrique ». Plus largement, on peut s’interroger sur les interactions avec certains BUT de l’IUT de Poitiers et des masters de la faculté des sciences… « Financièrement, cette nouvelle école privée peut nous mettre en difficulté, c’est autant de taxe d’apprentissage qui n’ira pas chez nous », reprend Jean-Yves Chenebault. De son côté, le directeur de l’Ensma considère que les compétences apportées par l’Esigelec sont « complémentaires » de celles de son école. Roland Fortunier, qui connaît « très bien » Etienne Craye, espère bénéficier de son « expérience de l’apprentissage », alors que l’Ensma vient de lancer sa première promotion d’apprentis. Selon lui, « la venue d'une nouvelle école ne peut que renforcer le site, lui apporter de la valeur et de la visibilité, participer à son développement, et ainsi profiter à tous les acteurs locaux ».

À lire aussi ...