Mal de dos : l’IA à la rescousse

Parce que le mal dos ne se mesure pas uniquement à l’intensité de la douleur, le laboratoire Prismatics du CHU de Poitiers a mis au point un nouveau référentiel d’évaluation multidimensionnel. Il va être testé cette année sur 634 patients souffrant de lombalgie.

Claire Brugier

Le7.info

Ah ce maudit mal de dos ! Et ces médicaments qui n’y font rien. Ou plus grand-chose… 75% de la population est un jour confronté à une lombalgie chronique et l’errance médicale en la matière est longue, trop longue. « C’est un vrai problème de santé publique », constate le Pr Philippe Rigoard. Avec son équipe du laboratoire Prismatics, le neurochirurgien du CHU de Poitiers vient de faire paraître un article dans le Journal of Clinical Medecine, ayant pour objet le Multi-dimensional clinical response index (MCRI).

Ce nouvel outil d’évaluation, élaboré dans le cadre du projet de recherche Predipain, tient non seulement compte de la douleur ressentie mais aussi des différents profils de patients, selon leurs aspirations ou impératifs personnels et professionnels. Il y a « ceux qui veulent avoir moins mal, ceux qui veulent se réconcilier avec leur corps… » La liste est longue mais jusqu’à présent ignorée de la réglette EVA (échelle visuelle analogique), qui invite le patient à évaluer sa douleur sur une échelle de 1 à 10. « Mais « combien tu as mal ? » ne veut rien dire, c’est totalement subjectif, proteste le Pr Rigoard. La douleur n’est pas également ressentie que l’on soit le matin, le soir, que l’on ait patienté une heure assis sur une chaise en bois dans une salle d’attente… Et la transition douleur-fonction est capitale : l'objectif d’avoir moins mal n’est pas l’objectif de continuer à faire. »

Qualité de vie

En d’autres termes, la lombalgie chronique ne saurait être réduite à une simple douleur. Elle comprend des dimensions émotionnelle, psychologique ou encore sociale qui diffèrent d’un patient à l’autre. Le projet Predipain, doté d’une enveloppe de 300 000€ (150 000€ du Fonds Aliénor et autant du CHU), a pour ambition d’utiliser l’intelligence artificielle pour modéliser des parcours de soins types, selon les profils, et ainsi permettre aux médecins de cibler plus rapidement les réponses thérapeutiques. L’étude qui débute dès à présent va inclure 634 patients du service rachis-neurostimulation-handicap du Pr Rigoard et du Centre régional d’étude et de traitement de la douleur. Via des tablettes intégrant le nouvel index (MCRI), ils vont être interrogés avant, pendant et à l’issue de leur parcours de soins. Collectées pendant douze mois minimum, les données seront ensuite analysées. « L’objectif est de remettre le patient au cœur de sa thérapie », insiste le neurochirurgien, qui envisage une diffusion plus large de l’application à l’horizon 2024. 


À lire aussi ...