Nightmare Alley, fable cruelle

Un illusionniste sans scrupule use de ses talents de mentaliste pour escroquer des notables new-yorkais. Avec Nightmare Alley, Guillermo del Toro rend hommage au genre du film noir, auquel il apporte son sens singulier de la fable.

Steve Henot

Le7.info

Stanton Carlisle fuit un lourd passé, sans trop savoir où son destin va le mener. Il atterrit par hasard dans une « foire aux monstres » et est recueilli par un couple d’illusionnistes, auprès desquels il s’initie au mentalisme. Manifestant une appétence certaine pour cet art du spectacle, Stan voit plus loin, plus grand. Las d’une vie chiche, sans frisson, il décide de partir se produire à New York, avec sa compagne et assistante Molly. Mais l’homme est vite rattrapé par sa cupidité sans borne et la tentation d’user de ses talents à de mauvais desseins.

Nightmare Alley conte l’itinéraire d’un monstre parmi les monstres (les « freaks » ou bêtes de foire), de cet homme sans foi ni once de morale, prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir et d’argent. Et il est entendu que cette histoire va mal se finir, dans une cruauté saisissante… Guillermo del Toro surprend en adaptant un roman noir de William Lindsay Gresham (Le Charlatan). Reprenant à son compte les codes du thriller, le réalisateur livre là son film le plus pessimiste, le plus sombre, où le fantastique n’a plus rien de merveilleux (Le Labyrinthe de Pan, La Forme de l’eau). Bien que la mise en place soit un peu longuette, on se laisse porter par ces décors élégants, ces plans richement composés et la densité des personnages, tous formidablement incarnés à l’écran (Bradley Cooper en tête). Dans un registre différent, le sens de la fable du cinéaste mexicain fait encore mouche.

Thriller de Guillermo del Toro, avec Bradley Cooper, Rooney Mara, Cate Blanchett (2h31).

DR

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