Cette brande dont on fait des palissades

Environnementale, économique et sociale, la démarche de transformation de la brande de la Réserve naturelle nationale du Pinail a décidément tout pour plaire.

Claire Brugier

Le7.info

Kévin Lelarge n’a pas tort lorsqu’il observe qu’il y a quelques décennies, on n’aurait pas mis en lumière l’utilisation de la brande du Pinail pour fabriquer toitures et palissades, tant la démarche était banale. Mais la transformation de la bruyère à balais de la Réserve naturelle nationale de Vouneuil-sur-Vienne, au-delà d’un intérêt artisanal et économique, revêt un caractère environnemental et social. Environnemental tout d’abord. « Pour Gerepi, l’enjeu est la préservation de la biodiversité. Le plan de gestion de la réserve fait l’objet d’une validation scientifique, explique le conservateur. Maintenir ces landes et ces mares dans un bon état de conservation implique un entretien régulier, tous les six à dix ans. » Car si le paysage de landes se transformait en forêt, la biodiversité propre aux milieux ouverts s’en trouverait perturbée. « Nous devons donc renouveler régulièrement la végétation, soit par du brûlage dirigé, soit par du pâturage extensif, soit par des coupes. » Chaque année, 
« entre octobre et février pour ne pas perturber le nichage des oiseaux », 3 à 4 hectares de brandes sont ainsi taillés. C’est là qu’intervient le volet social de la démarche.

Pour l’entretien de la brande, Christophe Pinaud, l’agent historique du Pinail, reçoit depuis une dizaine d’années le renfort d’Audacie. Les salariés de la structure d’insertion par l’activité économique basée à Châtellerault coupent et entassent la bruyère en fagots. Après six à huit mois de séchage, elle 
est acheminée jusqu’à un atelier situé à quelques kilomètres de la réserve -circuit-court assuré !-, à Availles-en-Châtellerault. Elle y est tressée, nettoyée, taillée en palissades. « Cette activité vient compléter l’activité espaces verts, plus ralentie en hiver, remarque Bruno Roncelin, coordinateur du chantier et encadrant bois chez Audacie. C’est un atelier où les personnes travaillent vraiment en équipe. Les plus anciens apprennent aux néophytes, on voit leurs aptitudes à transmettre. »

Commandes au complet

Toujours en quête de partenariats rémunérés pour assurer la pérennité de l’association, Audacie effectue pour Gerepi d’autres travaux d’aménagement ou de réfection. En témoignent les bergeries, mais aussi les pontons, passerelles et observatoires disséminés dans la réserve. Et prochainement le toit du kiosque. « Notre partenariat avec Gerepi représente près d’un quart de notre activité », évalue Bruno Roncelin.

En 2021, 500m2 de palissades (vendus 20€/m2) « made in Pinail » et d’une durée de vie de quinze à vingt ans ont ainsi été fabriqués, un record. « Le carnet de commandes est complet tout au long de l’année », note Kévin Lelarge. Les clients sont majoritairement des particuliers en quête de cache-vue mais on peut aussi retrouver la brande du Pinail ailleurs, comme sur les observatoires de la réserve ornithologique de Saint-Cyr.

À lire aussi ...