Dans la Vienne, que reste-t-il du Grand débat ?

Début 2019, le Grand débat national répondait à la crise des Gilets jaunes. Trois ans plus tard, ceux qui s’y sont exprimés sont partagés. A moins de soixante jours du premier tour de la présidentielle, demeure dans la Vienne le sentiment d’un rendez-vous démocratique manqué.

Steve Henot

Le7.info

A l’heure où les prix du carburant, de l’énergie et des matières premières n’ont jamais été aussi élevés, la question du pouvoir d’achat revient comme un boomerang. Une pandémie est passée et on en aurait presque oublié que cet enjeu a provoqué l’une des plus grandes crises sociales de la Ve République, trois ans plus tôt. Une crise à laquelle le gouvernement avait répondu par une consultation à l’ampleur inédite : le Grand débat national.

« Si les propositions et les questions soulevées n’étaient pas originales, les débats étaient courtois et constructifs, se souvient Gilles Raby. On n’était pas en campagne ! » A l’époque, le retraité domicilié à Nouaillé-Maupertuis n’avait pas manqué de saluer l’initiative, qui a donné lieu à 88 réunions locales dans la Vienne (61 sont recensées sur le site du Grand débat). Mais aujourd’hui, il regrette l’absence de « retour vers les gens ». Partageant ainsi le sentiment -prégnant chez les participants- d’une parole confisquée, sans lendemains.
 Emmanuel Macron avait pourtant annoncé une série de mesures, deux mois seulement après la fin de la consultation. 


Un second débat 
en 2024 ?

Annulation de la hausse de la CSG, revalorisation de la prime d’activité, création de la Convention citoyenne pour le climat… « Il était clair par exemple qu’étaient hors champ le retour de l’ISF, une hausse du Smic et que la CSG ne serait pas non plus revue », remarquait toutefois Antoine Le Bret, auprès du média en ligne Le Vent se Lève, en avril 2021. Des revendications souvent inscrites dans les cahiers de doléances, tous numérisés mais introuvables sur Internet. « Il n’y a pas eu de volonté de les cacher, estime Sacha Houlié. Mais juste après, il y a eu le Covid. »


Le député de la majorité présidentielle prend soin de rappeler que l’exercice de démocratie participative ne peut se faire 100% horizontal. D’où l’absence, là aussi, du Référendum d’initiative citoyenne dans la synthèse nationale. « Il faut qu’il y ait quelqu’un pour rendre des comptes et pour cela, que ce responsable ait décidé au préalable. Sinon, il y a un système de déresponsabilisation de tout le monde qui n’est pas bon, explique l’élu. Je remarque que l’initiative du Grand débat inspire aussi, comme ce qui est mis en place à Poitiers. Cela veut dire que ce n’était pas si mauvais que ça. »


« L’échelle locale est plus importante, souligne Siegfried Burgeot qui, avec le Crij Nouvelle-Aquitaine, avait invité les jeunes Poitevins à s’exprimer lors du Grand débat. Les mêmes échanges ressortent aux Assises de la jeunesse, où les jeunes rencontres les élus « en vrai ». Ils s’y sentent plus écoutés qu’au national. » Mamadou Souaré avait, lui aussi, noté une « forte mobilisation » des jeunes aux Trois-Cités à Poitiers, début 2019. Preuve que la politique leur parle encore. « Il y a eu des efforts de la part du gouvernement, tempère celui qui était alors dans le conseil citoyen du quartier. Mais le temps des citoyens n’est pas celui de l’Etat. (…) Cela reste une initiative à reproduire. » La majorité présidentielle y songerait. « Cette idée de rouvrir des moments 
de respiration entre les élections est à garder, convient Sacha Houlié. On peut en faire un à mi-quinquennat, c’est quelque chose qui est envisagé et fait l’objet de discussions… » A la seule condition d’un second mandat, cela va de soi.


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