Des écrans
 à encadrer

Selon une étude publiée la semaine dernière, la consommation d’écrans a explosé aussi bien chez les enfants que les adultes. La crise sanitaire n’y est évidemment pas étrangère. Mais faut-il s’en inquiéter ? Tout dépend de l’usage.

Romain Mudrak

Le7.info

Au cours de ces deux dernières années, la crise sanitaire a fait les beaux jours des plateformes de vidéo à la demande. La fermeture prolongée de tous les lieux culturels, du cinéma au théâtre en passant par les salles de concert, a incité beaucoup d’entre nous à se jeter sur les écrans pour se cultiver et s’amuser. Distanciation physique oblige, beaucoup sont restés à la maison pour « briser les chaînes de contamination ». Ainsi pour apprendre, télétravailler, déclarer ses impôts, remplir des formulaires administratifs ou tout simplement communiquer, le numérique est devenu incontournable. 44% des parents déclarent que leur consommation d’écran a augmenté pendant cette période. C’est 53% pour les enfants, selon une étude publiée la semaine dernière par l’Union nationale des associations familiales (Unaf).

Engagés dans une véritable révolution technologique, nous allons avoir du mal à faire marche arrière. Alors faut-il s’en inquiéter ? 
« Tous les outils, s’ils sont mal utilisés, deviennent néfastes », remarque Pierre MacMahon. Le président du club d’e-sport des Orks de Grand Poitiers rappelle les évidences scientifiques : 
« Pas d’écran avant l’école et jamais après 19h car la lumière bleue retarde l’endormissement. »

Au-delà, il estime qu’un « cadre est nécessaire ». C’est le message qu’il cherche à transmettre aux parents au cours d’ateliers et aux plus jeunes pendant les entraînements : « A l’image des clubs de sport, nous avons des licenciés de 7 à 17 ans et un coach qui parle des techniques de jeu mais aussi de valeurs. On travaille beaucoup sur les comportements afin de désamorcer les sentiments de frustration et d’énervement qui peuvent apparaître. On les incite aussi à avoir diverses activités et l’esprit ouvert. » Les Orks se sont rapprochés de la Maison des ados pilotée par l’hôpital Henri-Laborit, référent en santé mentale, afin de bénéficier des conseils avisés d’éducateurs spécialisés.

« Pas une babysitter »

« Le téléphone n’est pas une babysitter, il n’est pas là pour calmer un enfant qui chouine », 
tranche François Lecellier. Enseignant à l’IUT de Poitiers, il s’intéresse au sujet depuis longtemps et a perçu l’intérêt d’un jeu comme Minecraft pour développer la créativité de ses étudiants. De son côté, Marie Bregeon, qui pilote à Poitiers la création d’un écosystème autour du numérique éducatif (Le 7 n°551), estime que « ce n’est pas en déconnectant les enfants de la société qu’on va les aider, c’est plutôt en leur enseignant une utilisation responsable et éthique du numérique. » A travers l’Ecole par exemple.

Selon l’étude de l’Unaf, les enfants reçoivent leur premier appareil numérique de plus en plus jeunes, en moyenne à 
10,3 ans. 42% des parents peinent à limiter le temps d’usage des écrans de leurs enfants (+7pts par rapport à 2019). Or, dans le même temps, ils ne savent pas vraiment ce qu’ils consultent sur Internet. La communication entre parents et enfants apparaît primordiale pour réguler les usages du numérique. Un site existe -mon-enfant-et-les-ecrans.fr- et des conférences sont régulièrement organisées (lire ci-dessous). Il est aussi possible de se faire aider.

Conférence du Pr Marcelli
Le pédopsychiatre Daniel Marcelli animera une conférence le mardi 22 mars à 20h sur l’impact de la crise sanitaire sur les jeunes enfants. La surexposition aux écrans sera abordée mais aussi les effets des mesures de distanciation physique (masques…) sur le développement de l’enfant. Le lieu sera précisé ultérieurement.

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