S’Tile, le solaire pour seconde peau

Exit la fabrication de 
cellules de silicium. Créée en 2007, S’tile a opéré un virage stratégique pour développer des produits innovants : 
des ardoises photovoltaïques et des panneaux transparents. L’idée ? Intégrer la production d’énergie directement dans les bâtiments.

Romain Mudrak

Le7.info

Et si les Usines de Ligugé étaient bientôt recouvertes d’ardoises photovoltaïques ? Denis Meunier, l’un des fondateurs du lieu, et le collectif Poitou énergie citoyenne portent ce projet depuis 2018. Sa nomination, deux ans plus tard, parmi les lauréats de l’appel d’offres national de la Commission de régulation de l’énergie conforte les promoteurs dans leur idée. Nom de code : Ardesia. Son concept s’appuie sur une technologie innovante mise au point par S’Tile, une PME de dix salariés créée en 2007 par Alain Straboni. A l’époque, cet enseignant-chercheur se focalisait sur la fabrication de cellules solaires à partir de poudre de silicium. Une façon d’optimiser l’utilisation de ces matériaux précieux et chers. Désormais, les cours ont radicalement baissé. S’Tile a donc opéré un virage stratégique pour se lancer dans des applications très particulières.

« Notre idée est d’intégrer les modules photovoltaïques au bâti, comme une seconde peau », précise Alain Straboni. En l’occurrence, les ardoises posées en tuilage serviront véritablement de couverture étanche aux ex-filatures de Ligugé, grâce à un système de crochets-gouttières breveté, qui évite les infiltrations et permet la ventilation des lieux. Les cellules de silicium sont compactées entre deux plaques de verre trempées robustes qui ont l’aspect d’ardoises. De quoi plaire aux architectes des Bâtiments de France. Une façon de démontrer qu’il est possible de rénover du patrimoine classé en mode développement durable.

Sur des champs cultivés

Ces ardoises peuvent être complètement opaques ou laisser passer la lumière. Le panneau photovoltaïque transparent, c’est l’autre innovation de S’Tile qui a choisi de découper les cellules de silicium en bandes de dix à quinze millimètres. De cette façon, il est possible de les écarter pour laisser passer la lumière tout en limitant les pertes de rendement, assure Alain Straboni : « Découper les cellules permet de gagner en puissance. De plus, notre module est bifacial, une partie de la lumière est récupérée de l’autre côté. » Cerise sur le gâteau, S’Tile est aussi parvenue à réduire la quantité de métal (cuivre, étain, argent) nécessaire pour interconnecter les cellules, ce qui permet à la fois de baisser les coûts de production mais aussi de les rendre quasiment invisibles. Les panneaux deviennent… beaux ! Et peuvent alors agrémenter une façade, un toit, un vitrage ou encore les poteaux de lampadaires autonomes en énergie.

En 2018, S’Tile s’est dotée d’une chaîne de production dans ses locaux situés sur le campus à Poitiers. Ses produits ont intégré les catalogues de plusieurs revendeurs. Alain Straboni et son équipe sont convaincus que les applications sont nombreuses. Dans le bâtiment mais aussi par exemple dans l’agriculture. Puisqu’ils laissent passer les rayons du soleil, ces panneaux transparents pourraient être posés par-dessus des champs cultivés, contrairement aux centrales solaires actuelles. Ce dispositif pourrait même protéger les jeunes pousses du gel.

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