Anaïs Dubois : « Laissons les enfants être eux-mêmes »

Psychologue de formation, Anaïs Dubois animera une conférence jeudi auprès des parents d’élèves de l’école Paul-Blet, à Poitiers, sur les stéréotypes de genre. « L’objectif est de permettre aux enfants d’exprimer leur personnalité propre, loin des injonctions à la virilité ou à la féminité. »

Arnault Varanne

Le7.info

A Poitiers, l’école Paul-Blet présente la particularité depuis une trentaine d’années de proposer un enseignement en deux langues, le français et la Langue des signes française (LSF). Une vingtaine d’enfants sourds sont ainsi mêlés à leurs petits camarades entendants. « En immersion, ils baignent dans le bilinguisme et le biculturalisme », précise Anaïs Dubois. La mère d’élève, dont le mari est lui-même sourd, s’efforce de réunir les deux communautés. Et nul doute que ce sera le cas jeudi, entre 18h30 et 20h, pour sa conférence sur « les stéréotypes de genre, s’en affranchir pour élever des enfants libres de développer leur plein potentiel ».

Elevée dans un milieu non genré, la psychologue et formatrice s’efforce de déconstruire les idées reçues. « Lorsque je suis devenue maman, par exemple, nous n’avons pas voulu connaître le sexe de l’enfant avant, on ne voulait pas du rose ou bleu, des petites voitures ou des poupées... » Au-delà des vêtements ou de la déco de chambre, Anaïs Dubois milite contre les injonctions à la virilité ou la féminité qu’on impose aux plus jeunes « sans que leur personnalité ne soit encore construite ». « Laissons-les être eux-mêmes, d’autant que ces codes sont très différents d’un pays, d’un continent à l’autre, et ne constituent pas ce qu’est un homme ou une femme. »

« Eduquons les enfants de la même manière »

En toile de fond de cette éducation plus ouverte, se cache évidemment la question de l’égalité homme-femme. « Pas juste pour dire que les femmes ont le droit de faire comme les hommes, balise la psychologue. Il faut aussi que l’inverse soit vrai et si possible le plus tôt possible. On ressent tous des émotions, mais on dit aux garçons de ne pas les exprimer, sauf la colère... Eduquons les enfants de la même manière ! » 
Le diable se niche dans les détails, les surnoms qu’on donne, les livres qu’on lit, les sports que les plus jeunes pratiquent... Ce cri du cœur trouve un certain écho à Poitiers, où les cours non genrées se multiplient. Pour autant, il reste évidemment beaucoup de travail.

Reprenant des chiffres donnés par Lucie Peytavin dans son livre Le coût de la virilité, ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes, la conférencière pointe le chiffre de 95,2Md€ par an pour la société française. « Cela inclut les conduites à risque (toxicomanie, alcool...), les violences faites aux femmes, la fraude fiscale... » Des rapports de domination à l’égalité, le chemin paraît semé d’embûches. « Mais tout part de l’éducation, conclut Anaïs Dubois, un garçon a le droit d’être gentil, doux, attentionné. Il faut valoriser l’empathie, l’amitié entre les garçons et les filles. » 
Des interprètes en LSF seront présents jeudi pour traduire ses propos.


À lire aussi ...