Babylon, une fresque grandiose

Plongée dans les débuts d’Hollywood, ses premières success stories et ses coulisses plus sombres. Avec Babylon, le cinéaste américano-français Damien Chazelle signe une fresque fleuve, tout en démesure, et surtout une belle lettre d’amour au cinéma.

Steve Henot

Le7.info

On est en 1926, en haut d’une colline de Bel-Air, à Los Angeles. Le tout-Hollywood participe à une fête décadente dans un somptueux manoir, autour de Jack Conrad, grande figure du cinéma muet. Au milieu de cette folle soirée de débauche, Manuel se démène pour rendre un tas de services -ramener un... éléphant (!), évacuer une actrice qui a fait une overdose- et, l’espère-t-il, décrocher un poste sur les plateaux. L’homme à tout faire croise alors la route de Nellie, une jeune femme au caractère bien trempé, décidée à faire carrière devant les caméras.

Débridée et furieusement musicale, la longue introduction de Babylon concentre tout ce qui fait le cinéma de Damien Chazelle (Whiplash, La La Land), nous emportant d’emblée dans un tourbillon orgiaque de personnages, de couleurs et de situations. En racontant les trajectoires de Jack, Manuel et Nellie -leur ascension et leur chute-, le cinéaste américano-français dresse un portrait passionnant et cru du Hollywood des débuts. Documenté sans être didactique, son cinquième film rend autant hommage à la magie du cinéma et son merveilleux pouvoir d’évocation qu’il en dénonce les coulisses monstrueuses, sa violence meurtrière. Mais la vitalité domine pourtant, portée par un casting au sommet de son art (Brad Pitt en tête). Bien que la séance s’étire sur un peu plus de trois heures, Babylon ne donne jamais l’impression de tourner en rond tant il se révèle riche, ludique, en perpétuel mouvement. Il est tantôt joyeux, scabreux, festif, mélancolique, inquiétant... On sort aussi épuisé qu’exalté de cette vibrante lettre d’amour au 7e art, témoignage déjà testamentaire d’un authentique amoureux du cinéma, pour les amoureux du cinéma. Quel pied !

Drame de Damien Chazelle, avec Margot Robbie, Diego Calva, Brad Pitt (3h07).

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