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Le centre hospitalier Henri-Laborit note une recrudescence des consultations et hospitalisations de personnes dépendantes des stupéfiants. Derrière « l’affaire Palmade », se cache un vrai fléau de société avec une prise en charge qui nécessite des moyens.
Des saisies de stupéfiants qui augmentent, un harcèlement régulier des points de deal, davantage de consommateurs verbalisés en 2022... Le ministère de l’Intérieur a fait de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité n°1. A l’autre bout de la chaîne, thérapeutique celle-là, ce travail conjoint des forces de l’ordre et de la justice se ressent. « On constate une vraie augmentation des demandes de consultation, confirme le Dr Emmanuel Haber, chef de la filière addictologie au CH Laborit, surtout depuis la crise sanitaire. » Entre 2019 et 2021, les consultations médicales (+9%), infirmières (+5,5%), jeunes consommateurs (100%) et en milieu carcéral (+114%) ont ainsi crû dans des proportions inquiétantes au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) de l’établissement.
« On constate de plus en plus de co-addictions, ajoute Léa Renaudin, psychiatre et praticienne hospitalière à l’hôpital de jour. L’alcool reste le principal motif de consultation, mais s’ajoute aujourd’hui de plus en plus une consommation de cannabis, de cocaïne, d’héroïne... » Le repérage s’effectue via les urgences, la psychiatrie, les médecins traitants voire les proches excédés par les conséquences de la prise de drogue. « Le numéro unique du Csapa (05 49 88 67 31) sert aussi de porte d’entrée », précise le Dr Haber. Les obligations et injonctions de soins ne constituent qu’une très faible proportion des demandes.
Vers une file d’attente ?
Le profil des consommateurs ? « L’ensemble des drogues se démocratisent, chez des personnes plus âgées et auprès des femmes aussi, répond le Dr Renaudin. Le profil type est donc difficile à établir. » Autrement dit, les hommes, jeunes a fortiori, n’ont plus le « monopole » et la fin des « clichés » rehausse le niveau de vigilance des professionnels. Mais parce que « l’addiction est une pathologie », il est nécessaire de « créer des parcours individualisés de soins(*). On est là pour mener un travail avec le patient, mais on ne peut pas faire à sa place », complète Léa Renaudin. Certains cas nécessitent une hospitalisation de jour (10 places), d’autres une hospitalisation complète (20 places) qui dure en moyenne quinze jours. En résumé, le Csapa et ses quelque 50 professionnels s’efforcent de répondre au mieux et dans les meilleurs délais aux sollicitations. Reste la question des moyens.
« L’augmentation d’activité n’est pas proportionnelle à la hausse des effectifs, déplore le Dr Haber. On réfléchit à mettre en place une liste d’attente... » L’émergence des drogues de synthèse et l’état de santé psychologique des Français rendent la tâche encore plus difficile selon le chef de la filière addictologie de Laborit. « L’affaire Palmade » met hélas la problématique sur la place publique avec une violence inouïe.
(*)Pour les consommateurs d’héroïne, des traitements de substitution à base de méthadone ou de benzodiazépines peuvent être mis en place.
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