Canada tropical

Le Regard de la semaine est signé Théophanie Le Dez.

Le7.info

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Patiner sur le canal Rideau gelé -classé au patrimoine de l’Unesco-, la plus grande patinoire au monde qui traverse Ottawa, était l’un de mes rêves en venant ici. Depuis janvier, je planifie un voyage dans la capitale du Canada pour avoir la chance de vivre cette expérience unique. Et pourtant, ce rêve ne se réalisera pas car pour la première fois de l’histoire, le canal n’est pas gelé. En effet, la température terrestre moyenne nationale canadienne en 2021 a été 2,1°C au-dessus de la valeur de référence : la météo actuelle, au-dessus de 0°C, est presque inédite. Un réchauffement climatique indéniable qui alarme. Le canal Rideau n’en est pas la seule conséquence : les ours polaires disparaissent (plus de 30% de baisse entre 1990 et aujourd’hui), les refuges accueillent de plus en plus d’animaux sauvages, dont l’habitat est détruit à cause du développement urbain et de la modification des vents, les quotas de pêche et de chasse diminuent, et les infrastructures sportives extérieures (les pistes de ski) sont progressivement mutées en intérieur, réinventant la pratique des sports emblématiques canadiens.

Concrètement, le Canada se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste du monde. C’est donc l’ensemble de l’économie et du système canadien qui est mis à mal, changeant drastiquement les modes de vie de la population.

Bien que le gouvernement ait mis en place plusieurs lois et mesures pour stopper le dérèglement climatique, la prise de conscience populaire ne semble pas évidente. En effet, je ne cesse de m’étonner de certains comportements canadiens : mettre le chauffage à 25°C mais ouvrir les fenêtres de sa voiture, emballer chaque fruit et légume dans du plastique, laisser la lumière allumée toute la journée, même en cas d’absence, sans parler du gaspillage alimentaire de masse… Les raisons de ces comportements, selon mes courtes investigations ? « Les factures ne sont pas chères, on peut se le permettre. »

Cependant, ce qui choque peut-être le plus, ce sont les actions du secteur pétrolier et gazier canadien, l’un des plus importants au monde, et le plus gros émetteur de gaz à effet de serre (qui représente plus d’un quart des émissions nationales). L’industrie a pour ambition, sous couvert d’une communication « verte », d’augmenter ses exportations en gaz et pétrole pour remplacer le charbon dans le monde et « réduire les émissions ». 
Des parallèles qui questionnent, mais n’inquiètent pas encore assez.

CV express
Native de Poitiers, je suis aujourd’hui étudiante en lettres-sciences politiques. Ayant fait un stage à la rédaction du 7, je suis plus qu’heu- reuse d’apporter ma pierre à l’édifice et d’évoluer dans le journalisme. J’espère vous faire voyager avec moi, notamment lors de mon Erasmus au Canada !

J'aime : le sport sous toutes ses formes, les documentaires de décryptage, la librairie Mollat à Bordeaux, voyager, la géopolitique.

J’aime pas : les opportunistes, faire la cuisine, la pression des examens, les blessures, les climatosceptiques.

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